Les éditions Nirvana ont organisé vendredi une présentation du livre La Battante de Lamine Kallel au Tennis Club de Tunis. Entre les courts de tennis et la verdure, le restaurant du club a accueilli en fin de journée une poignée d’amateurs de littérature.
Lorsque l’on demande à l’auteur d’expliquer son livre à un néophyte, il le présente ainsi : “Cette fiction se passe dans les trois dernières années de la guerre en Algérie. La guerre d’Algérie a déjà été traitée via des films et des romans pour son aspect historique. Dans cet ouvrage, j’ai traité l’aspect humain de la guerre. Il s’agit de la rencontre entre une bergère et un militaire dans la ville de Blida. Cette ville a connu une importante concentration de militaires. Le militaire est adepte de la chasse au sanglier. Au retour de sa partie de chasse, il passe chez Abdallah, le berger, pour acheter du pain “tabouna”. Abdallah a une petite fille, Aïcha, âgée de douze ans. Puis Aïcha grandit et prend des formes, et là commence l’aventure”.
Le procédé d’écriture est né majoritairement de son subconscient. Il évoque Meriem Belkadhi qui, lors d’une interview à un écrivain, lui demande pourquoi son livre s’appelle Le Rêve. L’écrivain a répondu que c’est parce qu’il l’a écrit dans ses rêves. Il est d’accord avec cette affirmation. “J’ai écrit les deux tiers de mon roman dans mon rêve. A deux heures du matin, il y a quelqu’un qui me dicte mon roman et j’écris.”
Le choix de la guerre d’Algérie vient de ses souvenirs de jeunesse. “Il y avait chaque jour à 17h un flash d’informations appelé “La Voix de l’Algérie”. J’étais enfant, et ça me faisait mal d’entendre que des gens se faisaient massacrer. Je voulais témoigner de mon amour et de mon soutien à l’Algérie, en traitant l’aspect humain de mon point de vue de psychologue”. Car Lamine Kallel, connu pour ses exploits sportifs, a aussi déclaré être psychologue et écrivain. Un homme aux multiples casquettes.
Ses projets d’écriture sont nombreux. “Maintenant que j’ai commencé à écrire à la fin de ma vie, j’ai fait mon autobiographie Ma vie après ma mort et je m’attaque aujourd’hui à la fiction. Je suis très fier d’avoir été édité par Nirvana, qui est une grande maison d’édition.”
“Le Bon Dieu m’a donné le don de la mémoire. Je me souviens de tout depuis l’âge de quatre ans. La maison Nirvana va rééditer mon autobiographie, sous une nouvelle version. J’ai aussi comme projet d’écrire un livre sur les coutumes des Tunisois de 1945 à 1955. A l’Indépendance, beaucoup de coutumes ont été perdues. J’ai retranscrit tous mes souvenirs des événements sociaux et domestiques de cette époque”. Lamine Kallel, octogénaire, est une source intarissable de ces souvenirs précieux d’une époque historique.
Hafedh Boujmil, directeur des éditions Nirvana, déclare qu’en plus d’être spécialisées en livres d’art, les éditions Nirvana ont des activités très diverses en publiant des romans, des essais et de la poésie axés sur le patrimoine tunisien, et à plus large échelle le patrimoine de l’humanité. “Nous avons dans notre catalogue près de 50 livres d’art. Nous avons reçu cette année deux Comar d’Or pour Le chat et le scalpel de Sofiane Ben Farhat et Adieu maman ! Redites-moi la vie de Tahar Ben Meftah. Il y a deux ans, nous avons reçu un autre Comar avec le livre Jugurtha, un contre-portrait de Rafik Darragi. Le roman est notre métier”.
Khairi Kechrid, président du Tennis Club de Tunis, est très heureux et très fier de participer à un tel événement : “Lamine Kallel est un des plus anciens membres du club, il mérite tous nos encouragements”.