Qui a dit que la dette souveraine est un problème tunisien ? Même les pays les plus riches ont leurs soucis. C’est juste une question de taille.
Les marchés se préparent à vivre une période de tension à cause du plafond de l’endettement américain. Les législateurs de l’Oncle Sam n’ont que quelques semaines pour parvenir à un accord afin de lever la limite des emprunts fédéraux ou risquer une calamité financière si le gouvernement ne peut plus faire face à ses obligations. Les investisseurs sont inquiets car atteindre un accord n’est pas évident.
Le plafond de la dette fixe une limite au montant que le département du Trésor peut emprunter pour payer les engagements du gouvernement déjà approuvés par le Congrès. Une fois le plafond atteint, les législateurs américains doivent soit l’augmenter, soit le suspendre pour permettre à l’organisme d’émettre de nouvelles dettes et de réunir les liquidités nécessaires pour couvrir ses factures. Il a été suspendu pour la dernière fois en 2019 sous l’administration Trump, et le 1er août, il a été rétabli à 28,5 milliards de dollars, ce qui inclut toute la dette accumulée depuis la précédente suspension.
Autrefois une affaire de routine, l’ajustement de la limite de la dette est désormais souvent utilisé comme un outil politique par les républicains pour obtenir des concessions sur les dépenses fédérales. Ces impasses, qui ont par le passé rapproché dangereusement les États-Unis du défaut de paiement, se sont toujours terminées par une résolution.
Mais la tension monte à nouveau au Capitole, où l’échéance du plafond de la dette se heurte aux efforts de Joe Biden pour faire passer son programme économique de plusieurs milliards de dollars au Congrès, ravivant ainsi les craintes que les législateurs poussent à nouveau les négociations au bord du gouffre. Janet Yellen, secrétaire au Trésor américain, a prévenu la semaine dernière que le Trésor pourrait manquer de liquidités le mois prochain.
Il est difficile d’estimer les conséquences économiques, financières et politiques d’un défaut de paiement des États-Unis. Toutefois, c’est un coup immédiat à la confiance des entreprises et des consommateurs, une hausse des coûts d’emprunt qui pourrait précipiter une crise mondiale.
Si aucun accord n’est trouvé sur le financement du gouvernement, les États-Unis pourraient être confrontés à un arrêt des opérations fédérales en même temps qu’à une crise du plafond de la dette, ce qui aggraverait les dommages et les perturbations de l’économie et des marchés.
Pour la Tunisie, un tel événement ne pourra que compliquer la situation. Bien qu’en termes de volume l’exposition aux Eurobonds tunisiens est infinitésimale, ce sont tous les pays émergents et de petite taille qui paieront le prix d’un défaut de paiement américain. Les investisseurs ajouteront une nouvelle question à celle de la capacité à payer, à savoir la volonté de payer. Le paysage actuel à Tunis n’inspire pas trop confiance à ce niveau.