Le Groupe d’Action Financière parle de l’exemple tunisien de la plateforme Hannibal dans son rapport sur les “Opportunités et défis des nouvelles technologies pour l’AML/CFT”. AML signifie Anti-Money Laundering (anti-blanchiment d’argent) et CFT : Countering the Financing of Terrorism, c’est-à-dire contrer le financement du terrorisme.
La plateforme Hannibal
La FIU, autrement dit Financial Intelligence Unit tunisienne ou Unité de renseignement financier, la CTAF, a lancé en janvier 2021 une Regtech appelée “Hannibal Platform”. Une reg tech est une technologie mise au service de la réglementation. Elle surveille en permanence le transport physique transfrontalier de devises. La plateforme Hannibal est le fruit de la coopération et de la coordination entre le ministère de l’Intérieur, les douanes, les banques, la poste, les bureaux de change, sous la surveillance et la direction de la CRF tunisienne.
La plateforme Hannibal vise à comprendre, identifier et évaluer les risques nationaux de blanchiment d’argent et de terrorisme liés au transport physique transfrontalier de devises.
Il s’agit d’une API (Application Programming Interfaces), c’est-à-dire une Interface de programmation d’applications.
Les avantages des API sont nombreux : Améliorer l’interopérabilité entre les données bancaires traditionnelles et s’éloigner des systèmes en silo avec des cadres fragmentés, augmentation de l’automatisation, ce qui peut se traduire par l’optimisation des ressources et la précision des résultats et fournir un flux de données agrégées et normalisées, contribuant à un profil de risque plus complet pour les nouveaux clients, par exemple, lors du processus d’intégration des clients.
La blockchain au service de la surveillance financière
Cette plateforme a été conçue en utilisant la technologie Blockchain qui est considérée comme l’une des plus importantes technologies modernes dans le domaine du stockage des données. Cette technologie garantit la transparence des informations et renforce leur sécurité contre toute tentative de piratage. La plateforme s’appuie également sur des API qui connectent les bases de données des parties prenantes (ministère de l’intérieur, douanes, banques, poste, bureaux de change et la CTAF).
L’utilisation des API permet aux autorités compétentes d’obtenir des données en temps réel sur le volume des importations de devises étrangères et sur toutes les opérations bancaires liées aux devises étrangères, ainsi que des données en temps réel sur les saisies de devises par les LEA.
Grâce à cette technologie, il devient possible pour les autorités compétentes de contrôler la destination finale des devises exportées ou importées et déclarées aux douanes. Il devient également possible d’effectuer plusieurs croisements afin d’obtenir des alertes immédiates en fonction des paramètres programmés et même de transformer l’information en intelligence.
La plateforme permet aux autorités tunisiennes de prendre les mesures adéquates et appropriées afin d’atténuer les risques nationaux de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme liés à la circulation transfrontalière physique de devises.