On a tendance à croire à nos certitudes, à nos phantasmes et à notre égocentrisme. Bref, en notre ignorance tout simplement. On se croit le nombril du monde et que “l’enfer, c’est les autres”.
On est ivre de notre complexe de supériorité et on ignore qu’ en matière d’ innovation, tout le monde y a droit.
Ayant la chance de visiter plusieurs fois le Niger, un pays magnifique, avec une population simple, ouverte, courtoise et accueillante, j’ ai pris conscience que les Nigériens ont été les premiers à innover dans deux domaines.
Le premier est la Banque virtuelle ou la tech-finance, le Niger disposant de seulement 12 banques et avec le plus faible taux de bancarisation en Afrique, avec seulement 12 % de la population ayant un compte bancaire en 2015.
Les Nigériens ont été confrontés à un pays faiblement bancarisé, un territoire immense et une nécessité de faire parvenir de l’argent liquide à leur familles, parents ou villages.
Et c’est à ce moment qu’une entreprise de transport de marchandises et de personnes s’ est lancée dans le transport de fonds dans la tradition de la diligence qui transportait la solde dans le far west aux États-Unis d’Amérique entre la Côte est et la Côte ouest dès le 17ème siècle.
C’est El Izza qui s’ est transformé rapidement en un organisme de transfert dès le développement des acteurs Télécom, devenant ainsi El Izza Télécom et s’ appuyant sur les réseaux des opérateurs téléphoniques pour opérer les transferts virtuels d’ argent de leurs clients.
La BCEAO, organisme régulateur, a admis la naissance d’un nouveau système bancaire en créant un cadre bancaire pour la banque de catégorie 4, ou la banque de transfert.
Plusieurs autres opérateurs se sont engouffrés dans la brèche comme NITA, c’est ce qui a fait passer le taux de bancarisation de 12 à 85 %, dépassant et de loin des pays d’ ancienne tradition bancaire comme le Maroc ou la Tunisie, qui consent à le faire uniquement en 2021.
L’ autre innovation faite par les Nigériens est le concept de ville intelligente.
Alors que plusieurs théoriciens, démagogues, consultants et experts nous parlent de ville intelligente, ou de smart city, la ville de Niamey l’a déployé depuis 2015.
En effet, au départ, ce fut juste un hasard, avec des utilisateurs qui sont arrivés à trouver le mot de passe du point d’ accès de l’opérateur Télécom, ce qui leur a permis de profiter d’ internet et du haut débit gratuitement.
Très vite, l’opérateur s’ est pris au jeu et a laissé son accès Wi-Fi libre et gratuit.
Résultats des courses, tous les soirs, des centaines de jeunes filles et garçons se retrouvent sur la place de l’Indépendance pour surfer, dialoguer, regarder des films, des matches le long du mur de la technologie, ou mur des lamentations, comme aiment le nommer certains plaisantins.
Bref, l’ innovation et le progrès ne sont pas le propre des nations riches ou les plus avancées, mais c’ est plutôt le résultat du besoin et du bon sens.
Le Niger en est le meilleur exemple.