Les pages des partis de droite produisent également davantage de fausses informations, selon l’étude à paraître.
Une nouvelle étude sur le comportement des utilisateurs de Facebook à l’occasion des élections américaines de 2020 devrait étayer les arguments avancés depuis longtemps par les critiques, selon lesquels les algorithmes de l’entreprise favorisent la diffusion de fausses informations au détriment de sources plus fiables.
L’étude à paraître, évaluée par des pairs et réalisée par des chercheurs de l’Université de New York et de l’Université Grenoble Alpes en France, a révélé que, d’août 2020 à janvier 2021, les éditeurs d’informations connus pour diffuser de fausses informations ont obtenu six fois plus d’appréciations, de partages et d’interactions sur la plateforme que les sources d’informations dignes de confiance, telles que CNN ou l’Organisation mondiale de la santé.
Cette étude renforce la prudence envers les fake news et leur propagation. Facebook fait de la lutte contre les fake news son cheval de bataille, puisqu’il compte 80 partenaires de vérification des faits, couvrant plus de 60 langues, qui s’efforcent d’étiqueter et de réduire la diffusion de fausses informations.
Résultats de l’étude
Les auteurs de l’étude se sont appuyés sur les catégorisations de deux organisations à but non lucratif qui étudient la désinformation, NewsGuard et Media Bias/Fact Check. Ces deux groupes ont classé des milliers d’éditeurs Facebook selon leur tendance politique, allant de l’extrême gauche à l’extrême droite, et selon leur propension à partager des informations fiables ou non. L’équipe a ensuite pris 2 551 de ces pages et a comparé les interactions sur les posts des pages d’éditeurs connus pour leur désinformation, comme Occupy Democrats, de gauche, et Dan Bongino et Breitbart, de droite, aux interactions sur les posts d’éditeurs factuels.
Les chercheurs ont également constaté que l’augmentation statistiquement significative de la désinformation est politiquement neutre : les pages de désinformation, tant à l’extrême gauche qu’à l’extrême droite, suscitent beaucoup plus d’engagement de la part des utilisateurs de Facebook que les pages factuelles, quelle que soit leur orientation politique. Mais les éditeurs de droite ont une propension beaucoup plus forte à partager des informations trompeuses que les éditeurs des autres catégories politiques, selon l’étude. Cette dernière constatation fait écho aux conclusions d’autres chercheurs, ainsi qu’aux propres conclusions internes de Facebook avant les élections de mi-mandat de 2018, selon les informations du Washington Post.
Seul Facebook connaît l’ampleur de son problème de désinformation. Et il ne partage pas, même avec la Maison Blanche.
Les fake news connaissent donc une meilleure interaction, d’autant plus lorsqu’ils parviennent de sources aux avis extrêmes. On peut citer à cet effet les anti-vaccins COVID, qui ont lancé une vaste campagne de désinformation sur les réseaux sociaux et qui influencent de nombreuses personnes quant à leur décision de se faire vacciner.
Deepfake : autre phénomène de désinformation
En plus de la méfiance envers les informations textuelles et les photos, susceptibles d’être trafiquées, il y a les deepfakes, qui sont des superpositions de fichiers audio ou vidéo existants sur d’autres fichiers vidéo ou audio. La dernière actualité en date est l’accord de Bruce Willis pour l’utilisation de son image et de sa voix dans une publicité en Russie à l’opérateur télécom MegaFon.
L’acteur a été rémunéré pour son apparition, alors que sa participation était très limitée. Un algorithme a recréé son visage et ses expressions sur un homme-tronc à partir des images de ses films.
Pour ces raisons, il est important de privilégier les sources d’information fiables, telles que les sources des organismes officiels, et de garder un esprit critique envers les informations reçues de toutes parts sur le net.