“Si le sushi se vend en Tunisie, nous voulons vendre la bsissa au Japon”, s’est-il écrié au détour de l’une de nos interrogations avec une intonation qui ne trompe pas; celle de la passion. Et c’est précisément ce qui ressort en premier quand on parle à Aymen Fantar, Responsable Développement International, Seniatna, une startup très singulière.
Pas étonnant qu’il soit si intarissable quand il parle de cette startup si singulière assortie d’une boutique en ligne ; singulière car à la croisée des chemins du patrimoine et des saveurs : “Startup leader du terroir tunisien, Seniatna permet à des producteurs et surtout des productrices à valoriser le patrimoine culturel culinaire ; c’est de l’agroalimentaire artisanal où nous tenons absolument à véhiculer trois valeurs essentielles : des saveurs authentiques, la garantie de la qualité sanitaire des aliments (Il y a des choses qui ne se voient pas à l’œil nu ; le niveau microbiologique), le commerce équitable (d’abord pour faire pérenniser ce patrimoine, de l’or légué aux générations futures ; et puis veiller à ce que nos artisans gagnent convenablement leur vie sinon nous ne trouverons plus personne à réaliser des ‘noisser’ ou des ‘hlalem’ de qualité diari).”
Valeurs tournées vers la valorisation du patrimoine
Avec Aymen Fantar, impossible de ne pas saisir dès les premiers moments que nous sommes en plein dans la sphère si émouvante, si ambitieuse, si audacieuse, des startups. Un côté fleur bleue que seule l’intelligence de l’avenir rend viable. Ainsi, quand nous parlons marché à Fantar, il nous parle de chance : “Nous avons la chance d’avoir des associés Business des deux côtés de la Méditerranée ; un pied en Tunisie dans toutes les régions, et un pied en France pour faire valoriser tout de suite nos produits sur ce marché où les Tunisiens sont partout, ce marché tout naturel pour toutes sortes de raisons. Et de là, nous nous orienterons vers d’autres cieux plus tard”.
Quand au choix du Crowdfunding en Tunisie, la chose est délicate vu la nature des moyens de paiement où le minimum est la carte bleue et où le cadre réglementaire gagnerait à rejoindre son ère. “Pour nous, le Crowdfunding est orienté vers l’export pour la France ; une opération à partir de laquelle nous voulons éprouver le terrain pour voir si le marché existe, si nos produits sont demandés. Bien sûr, je voudrais que les Français se mettent tout de suite à consommer de la ‘bsissa’ le matin mais, au début, nous commencerons en ciblant ceux qui vont être nos ambassadeurs : c’est-à-dire les Tunisiens installés en France. Nous comptons sur leur nostalgie pour la Tunisie, surtout en ces temps de Covid-19, pour défendre ces produits du terroir réalisés de manière artisanale et dont la saveur est unique”, ajoute Fantar qui prouve qu’il a beau être rêveur, il n’en perd pas moins le nord !
Il faut dire que l’informaticien prend chez lui parfois le dessus sur le chant du patrimoine et le cerveau gauche lance avec rigueur : “Nous sommes multi-canaux pour notre distribution et, avec mon partenaire Neil Boussoffara, nous faisons des essais car nous ne voulons écarter aucune option. Nous sommes convaincus que c’est le marché qui décide en fin de compte pour une startup comme la nôtre mais l’essentiel ce sont nos valeurs tournées vers la valorisation de notre patrimoine”.
A Call To Action
Il est clair qu’Aymen Fantar est certes startuppeur comme de juste, mais il est aussi incontestablement convaincu qu’il a un message à faire passer. Nous le saisissons quand il nous confie que Seniatna est en plein Testing, qu’elle est ultra-flexible dans sa stratégie, qu’elle aurait peut-être besoin d’un minimum de 3 ans de comme tout le monde… mais quand il vire ensuite de bord pour nous ramener vers le cerveau droit : “Je ne vous cache pas que nous sommes à la recherche de passionnés même si nous avons besoin d’une expertise marché, et ceci même en ce qui concerne nos partenaires. Nous en appelons à des investisseurs pointus, des investisseurs-experts qui ‘poussent’ avec nous”. C’est une introduction pour lancer un appel, encore une fois de passionné: “Si nous ne faisons pas la promotion de notre patrimoine, il court vers la déperdition. C’est le sens profond de ce que nous faisons ; l’opportunité de parler de la Tunisie, de saisir les esprits pour défendre notre patrimoine. C’est ce qui nous a motivés tous les deux. J’invite tout le monde à se tourner résolument vers notre patrimoine culturel pour y travailler avec passion.” Un Call to Action pour l’image du pays ; est-ce savoureusement naïf ? Fantar corrige le tir en convenant qu’il y a beaucoup à faire pour améliorer cette image. Et c’est là que s’engouffre Seniatna. Et elle amène dans son sillage ses artisans du terroir, ses collaborations équitables, ses produits authentiques, et surtout l’histoire des terres et les saveurs nouvelles.