Willis Towers Watson a publié son Political Risk Index de l’été 2021 sur les pays les plus vulnérables, avec un chapitre consacré à la Tunisie. Notre pays a un score de 57 sur 100. Le rapport couvre 61 pays au total, soit 24 de plus que l’année dernière.
D’après Willis Towers Watson, la note globale de la Tunisie est de 57 (la note croît proportionnellement au risque), soit un risque significatif malgré une baisse de 2 points. Les analystes de Willis Towers Watson estiment en revanche que les risques de violence politique ont augmenté. Le score de la Tunisie est ainsi passé de 39 à 48.
Par contre, et malgré la situation financière et économique difficile dans laquelle se trouve actuellement la Tunisie, le cabinet de consulting estime que les risques de défaut souverain sont moins importants. La note de la Tunisie est passée de 75 à 66.
Les risques de terrorisme (55), d’expropriation (52) et de transfert de devises et de sanctions commerciales (55) sont restés, quant à eux, stables sans changement aucun.
Avec une économie fortement dépendante du tourisme, la Tunisie a été durement touchée par la pandémie de Covid-19 et les réponses politiques internationales qui lui ont été apportées. Le PIB national s’est contracté d’environ 8,8 % en 2020, le chômage passant de 14,9 % à 17,4 % au cours de l’année. Cela a exacerbé les griefs de longue date concernant l’incapacité du gouvernement à créer des opportunités économiques, en particulier dans les régions du Centre et du Sud historiquement marginalisées.
Le pays devrait renouer avec la croissance cette année, avec un taux de 3,8 % selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), mais il faudra plusieurs années pour que l’activité économique atteigne les niveaux d’avant-la pandémie. En outre, la situation dépendra en grande partie de la vitesse à laquelle l’industrie européenne du voyage et du tourisme se rétablira et de la capacité du gouvernement à attirer à nouveau les investisseurs étrangers.
Les défis économiques coïncident avec des frictions politiques croissantes. Au début de l’année 2021, des protestations liées au chômage et aux difficultés commerciales, ainsi que des manifestations de frustration, ont eu lieu après l’échec perçu du fait que les promesses de sécurisation des droits et des libertés, qui avaient été faites après la révolution de 2011, n’ont pas été tenues. En grande partie, la lenteur des réformes dans ce domaine est fonction des crises politiques perpétuelles qui ont paralysé la prise de décision, et les tensions sont peut-être aujourd’hui les plus graves depuis la ratification de la Constitution actuelle en 2014.
Le rapport, publié le 20 juillet, évoque les tensions politiques entre Saïed et Mechichi. Les faits s’aligneront avec l’analyse du rapport cinq jours après sa publication avec les événements du 25 juillet.