La Banca Monte dei Paschi di Siena est en grande difficulté malgré le soutien du gouvernement italien. Si une solution n’est pas élaborée, la banque risque de disparaître. Elle est la plus ancienne banque du monde.
La Banca Monte dei Paschi di Siena est en crise. La banque italienne n’arrive pas à redresser son bilan bien qu’elle ait reçu plus de 9 milliards d’euros (29.5 milliards de dinars!) d’aides depuis la crise financière mondiale de la part du gouvernement italien. Ce dernier a maintenant jusqu’à la fin de 2021 pour se défaire de sa participation de 64% dans l’institution financière.
Une éventuelle solution, celle de sa vente à UniCredit, soulève quant à elle de nouvelles questions sur le coût croissant du maintien en vie de la banque pour les contribuables.
Les gouvernements italiens successifs ont considéré que la banque était “trop importante” pour la laisser faire faillite. En effet, les coûts économiques et sociaux d’une liquidation sont considérés comme inacceptables, avec plus de 4,5 millions de clients, 21 000 employés et 150 milliards d’euros d’actifs totaux. La banque, dont les origines remontent au XVe siècle, est aujourd’hui la quatrième plus grande banque du pays et s’est développée grâce à des acquisitions qui se sont retournées contre elle. Monte Paschi s’est retrouvée à court de capitaux en 2009, au plus fort de la pire crise financière depuis 70 ans, et constitue depuis lors un casse-tête pour les gouvernements, les régulateurs et les investisseurs qui tentent de la redresser. La saga s’est déroulée du siège médiéval de la banque, le Palazzo Salimbeni à Sienne, au ministère néoclassique des finances à Rome et aux salles de conférence en acier et en verre de la Banque centrale européenne à Francfort.
Comment s’est-elle mise en difficulté ?
L’un des moments clés a été le rachat en 2007 de la Banca Antonveneta SpA pour 9 milliards d’euros en espèces, soit un tiers de plus que la valeur que Banco Santander SA lui avait attribuée lors d’une transaction quelques semaines auparavant. Dans le contexte de la crise financière, Monte Paschi a levé des fonds et a eu recours à une comptabilité illégale pour masquer ses pertes. Minée par des prêts douteux et des enquêtes sur des transactions de produits dérivés qui ont conduit à l’emprisonnement de hauts dirigeants, Monte Paschi a frôlé la faillite à plusieurs reprises, poussant l’État à intervenir.
Qu’a fait l’Italie ?
Pendant la crise financière mondiale de 2008, les banques des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Espagne, de l’Irlande et d’autres pays ont été renflouées avec l’argent des contribuables. Mais l’Italie, qui n’avait pas besoin de recapitaliser ses prêteurs dans l’immédiat, a attendu une reprise économique qui s’est avérée insaisissable. Au cours des années suivantes, le gouvernement a dû intervenir à plusieurs reprises pour sauver Monte Paschi et d’autres petites banques, dont le capital était mis à rude épreuve par l’accumulation de créances douteuses, la crise de la dette souveraine et la plus longue récession qu’ait connue le pays depuis la Seconde Guerre mondiale. Sous la direction du Premier ministre Matteo Renzi, des mesures ont été prises pour moderniser le secteur, notamment des mesures visant à abolir les restrictions sur la propriété des banques et les droits de vote qui ont été introduites pour favoriser les fusions.
Quelle aide Monte Paschi a-t-elle reçue ?
La banque a reçu 1,9 milliard d’euros d’aide publique pour renforcer son capital en 2009, et 2,2 milliards d’euros supplémentaires en 2013. Malgré cela, moins d’un an plus tard, Monte Paschi a échoué à une évaluation de la BCE, et a présenté le plus grand déficit parmi les prêteurs examinés. Confrontée à un trou de capital, elle n’a pas réussi à lever des fonds frais sur le marché et a été nationalisée en 2017 grâce à un sauvetage de l’État de 5,4 milliards d’euros. En juillet 2021, Monte Paschi était toujours le plus mauvais élève des tests des régulateurs européens, soulignant l’urgence d’une vente.
Quel est le plan maintenant ?
Après avoir convenu avec la Commission européenne de céder sa participation d’ici à la fin de 2021, le gouvernement a entamé des négociations exclusives pour vendre la banque à UniCredit. Bien qu’il s’agisse de l’option préférée de l’Italie, la conclusion d’un accord s’est heurtée à des obstacles, notamment un changement à la fois au sein du gouvernement et de la direction d’UniCredit. Le deuxième plus grand prêteur italien exige des conditions qui pourraient coûter 10 milliards d’euros aux contribuables et faire du gouvernement l’un de ses actionnaires. Le gouvernement du Premier ministre Mario Draghi a accepté les conditions d’UniCredit, parmi lesquelles l’exclusion des créances douteuses de Monte Paschi, mais il demande un remboursement important de l’opération.
Source : Bloomberg