C’est en pleine crise du Covid que Mayssa Chehata a lancé sa startup ― en août 2020, pour être plus précis. Behave, comme elle a élu de l’appeler, est une entreprise spécialisée dans la fabrication et la vente de bonbons gommeux. “Le marché des sucreries est estimé à 28 milliards de dollars”, a-t-elle indiqué.
La particularité des ours gommeux de l’entreprise de Chehata ? “Ils sont fabriqués sans sucre, à base d’ingrédients 100% naturels et, le plus important, ils sont aussi délicieux que leurs homologues classiques”, a-t-elle expliqué.
Mayssa a-t-elle une expérience dans l’agribusiness ? Pas vraiment. Après être passée par la National Football League et Uber, Mayssa Chehata a travaillé dans des startups telles que Daily Harvest, qui livre des aliments sains surgelés, et SoulCycle, qui gère plus de 100 studios de cycling aux USA. “C’est à ce moment que j’ai dû arrêter de manger des bonbons en essayant d’éliminer le sucre de mon régime alimentaire”, a-t-elle indiqué.
Mais pour la jeune tunisienne, se passer entièrement de bonbons n’était pas une solution durable. Trouver des bonbons délicieux sans sucre et sans ingrédients chimiques n’était pas possible. “D’où j’ai eu l’idée, alors que j’étais à Daily Harvest, de créer ma propre marque de bonbons sans sucre”, s’est-elle rappelée.
La mission n’étant pas simple, Mayssa a commencé à faire des recherches et à suivre le marché de très près. “J’ai découvert que je n’étais pas la seule à chercher à réduire ma consommation en sucre”, a-t-elle indiqué. “Une étude a montré que ce sont plus de 84% qui cherchent à faire de même”.
Convaincue de la véracité de son business model, Mayssa Chehata contacte alors Elizabeth Falkner, une célèbre chef à New York qui “a de suite vu l’importance de cette opportunité”. Les deux femmes se sont ainsi mises au développement de la recette de leurs futurs bonbons. “Contrairement aux autres marques sans sucre, nous utilisons des ingrédients 100% naturels à base de fruit de moine”, insiste la jeune entrepreneure. “Ce fruit est 400 fois plus sucré que le sucre mais ne contient pas de calories”, explique-t-elle.
Une fois la recette prête, et pour valider encore plus son hypothèse, Chehata et son associée ont fabriqué quelques centaines de bonbons qu’elles ont mises en vente dans une boutique à New York. “Le stock a été épuisé en moins de 3 jours”, affirme-t-elle. Et d’ajouter: “Ceci a confirmé l’engouement pour un produit comme le nôtre sur le marché”.
Comment Chehata a-t-elle financé le lancement de son projet ? “J’utilisais mon salaire pour financer nos premières opérations”, a-t-elle expliqué. Mais pour financer le projet après avoir quitté son poste d’emploi, la jeune entrepreneure a dû faire appel à des investisseurs. “Je leur ai expliqué l’importance du marché … et je leur ai envoyé des échantillons pour déguster notre produit”, se rappelle-t-elle. “C’est ainsi qu’ils se sont rendus compte de la particularité de notre recette”, a-t-elle ajouté.
Le chemin n’était pas facile pour Mayssa Chehata. Car, même aux États-Unis, le sexisme est une réalité. “Parfois, je me sentais rejetée par les fournisseurs et les industriels que j’ai contacté parce que je suis une femme”, a confié l’entrepreneure. Et d’ajouter: “Mais il faut toujours se rappeler qu’être une femme est aussi une super-power, notamment en ce qui concerne la prise de risque et la gestion des équipes”.