A chaque vague de virus, la pandémie de la Covid provoque une suite de crises. En Tunisie comme par ailleurs dans le monde , la crise se déclenche en 3 temps.
La première crise est caractérisée par l’explosion du nombre de contaminations, ce qui donne un afflux énorme au niveau des urgences et de l’admission dans les centres hospitaliers. On note donc une forte demande sur les lits que ce soit en hospitalisation ou en réanimation.
Au bout de deux semaines, la crise se traduit au niveau des lits de réanimation. En effet, plusieurs personnes hospitalisées voient leur état de santé se dégrader, ce qui cause un afflux vers les services de réanimation et une augmentation de la mortalité.
À la 3ème semaine, une nouvelle crise se déclenche, car conjointement le nombre de personnes hospitalisées ou en réanimation augmente. Une sur-consommation de l’oxygène est de fait provoquée et par voie de conséquence des ruptures cycliques. Afin de comprendre, pourquoi cette crise d’oxygène, je vous livre quelques données qui vous permettent de comprendre le pourquoi ?
La Tunisie dénombre deux industriels pour la fabrication de l’oxygène et ce pour une consommation journalière hors Covid de 100 000 litres. Or, la consommation journalière au 18 juillet 2021 par exemple serait de l’ ordre de 240 000 litres par jour, ce qui donne un déficit journalier de 140 000 litres par jour.
Pour pallier ce déficit, il y a 2 moyens, soit des concentrateurs industriels dans les hôpitaux, cliniques et centres de soins, ou des concentrateurs d’oxygène individuels à domicile ou en hôpital.
Il existe en Tunisie 15 entreprises qui mettent en location des concentrateurs d’ oxygène, à raison d’ un prix pondéré de 75 TND TTC par jour. Et on note une rupture de l’offre de location ces derniers jours. Toutefois, sur le web on peut toujours acheter ou louer des concentrateurs neufs ou usagés et il y a même un marché noir qui se développe.
Plusieurs concentrateurs sont importés illégalement d’Algérie dans le marché noir et certains ne sont pas conformes aux normes. Il faudra savoir qu’un concentrateur d’oxygène certifié a un taux de productivité d’oxygène qui dépasse les 95%, alors que pour certains appareils importés illégalement ce taux baisse autour de 50%, ce qui expose la vie du malade au danger de saturation.
Deux points méritent d’être notés. D’abord, les personnes qui louent des appareils , ne veulent plus les rendre et prolongent de ce fait la location, même en cas de non utilisation. Et ce, pour parer éventuellement à une maladie d’ un membre de la famille. Égoïste quand tu nous tiens.
Ensuite, les entreprises qui vendent ou louent des appareils, ne veulent pas se lancer dans de grandes opérations d’ achat en équipements. Car, de toute façon, il s’agit d’une crise passagère et donc la rentabilité à moyen et long terme n’est pas au rendez vous.
Le dernier problème qui aggrave la crise d’oxygène, c’est la faible capacité de stockage des hôpitaux et des cliniques. En effet, celle-ci est dimensionnée pour un usage normal hors Covid. Ce qui oblige les établissements à une opération d’ approvisionnement en flux tendu, avec des risques de ruptures, d’où les cris de détresse des directeurs et des responsables de centres hospitaliers. Et il s’agit beaucoup plus d’ un problème de logistique.