Nous voilà au mois de juillet 2021 et l’Etat n’a pas fait faillite comme plusieurs l’avançait quelques mois auparavant. Cela ne veut pas dire également que nous sommes sortis de l’auberge. Les finances publiques restent toujours proie à d’énormes pressions et la fin de l’année sera certainement très difficile si des mesures exceptionnelles ne seront pas prises dans les mois à venir.
Et si la Tunisie a résisté jusqu’à aujourd’hui, c’est qu’elle a pu compter sur l’endettement local. Dans la Loi de Finances 2021, le Trésor comptait lever 3 000 MTND de BTA, 450 MTND de BTCT, 600 MTND dans le cadre de l’emprunt national et 1 530 MTND sous la forme d’autres emprunts internes, qui sont les prêts en devises contractés auprès des banques locales.
Sur les six premiers mois de l’année, l’Etat a déjà levé 1 573,922 MTND de BTA ; 139,400 MTND de BTCT et 715,636 MTND grâce à l’emprunt national. Nous sommes bien partis pour dépasser les limites durant le dernier quart de l’exercice budgétaire. L’adjudication programmée pour cette semaine vise déjà l’obtention de 150 MTND.
Est-ce que le marché pourra encore supporter la forte demande du Trésor ? Certainement oui, mais tout est question de prix. Les taux sont effectivement repartis à la hausse ces derniers mois et emprunter sur 10 ans coûte désormais 9,665%. Pour le moment, l’Etat obtient les ressources à un coût moins cher que l’année dernière, mais si la demande s’accentue, les taux vont repartir rapidement à la hausse.
A court terme, les déterminants de cette demande sont essentiellement au nombre de trois.
Le premier est la capacité de l’Etat à collecter des ressources fiscales. Pour le moment, les chiffres sont encourageants, mais il faut bien s’attendre à une tendance baissière sur le second trimestre puisque les moteurs de la croissance manquent toujours de carburant.
Le second est la disponibilité des ressources externes. Plus les bailleurs de fonds honorent leurs engagements vis-à-vis de la Tunisie et plus la balance des paiements tend vers l’équilibre, plus les besoins de financement en dinar s’allègent. Les rapports de notation sont à suivre car toute nouvelle dégradation sera coûteuse.
Le troisième est la capacité de l’Etat à stopper la crise sanitaire. C’est le facteur le plus important car il conditionne les deux premiers. Plus la pandémie persiste, plus le blocage des activités économiques persiste et plus les autorités publiques se retrouvent obligés de supporter des coûts exorbitants de soins, de compensation et d’accompagnement social.
Les réformes prendront du retard et la position de la Tunisie vis-à-vis de ses partenaires s’affaiblisse. La compensation des ressources en devises se fera partiellement sur le marché interne.
C’est pourquoi la vaccination de la population est primordiale. Nous avons raté une nouvelle saison touristique et nous risquons d’asphyxier la dynamique estivale. Agissons au moins pour sauver le budget de l’Etat.