L’Afrique, ce continent diversifié et plein de potentiel, a un fort entreprenariat féminin.
“Les Africaines sont championnes du monde de l’entreprenariat.” C’est ainsi que commence Mounir Mouakhar, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Tunis et président de la Conférence Permanente des Chambres Consulaires Africaines et Francophones (CPCCAF), lors du webinaire qui s’est déroulé lundi.
La femme entrepreneure africaines
En effet, d’après une étude sur le sujet publiée par le cabinet Roland Berger pour Women in Africa, Mounir Mouakhar a déclaré : “Près de 24% des Africaines en âge d’exercer un emploi sont impliquées dans la création de l’entreprise. C’est bien plus que partout ailleurs. A titre de comparaison, le même taux table sur 11% en Asie du sud-est et du Pacifique, pourtant réputés pour être pourvoyeurs d’entrepreneurs. L’entreprenariat féminin engendrerait entre 250 et 300 milliards de $, soit environ 12 à 14% du PIB du continent. Les femmes produisent près de 65% des biens du continent.”
Les études se penchent plus particulièrement sur le cas de la Tunisie. “En Tunisie, le nombre de femmes entrepreneures est de 10 000, réparties entre le secteur formel et informel. Selon une initiative réalisée à l’initiative de la CNFCE (Chambre Nationale des Femmes Chefs d’Entreprise), la participation actuelle des femmes dans les structures sectorielles et professionnelles du patronat tunisien ne dépasse pas 10%.”
La part de femmes entrepreneurs africaines est bien supérieure à celle observée en Tunisie. Cela montre qu’il y a encore des progrès à faire dans ce domaine où l’égalité est l’objectif à terme.
Digitalisation et financement, deux obstacles à l’entreprenariat féminin
La situation est en train de changer avec la digitalisation. Selon Mounir Mouakhar : “Alors que le nombre d’emplois dans le numérique ne cesse d’augmenter, le constat est sans appel. Ce secteur en pleine croissance manque de talents féminins. La formation aux métiers dans le digital est une rampe d’accès aux meilleures opportunités professionnelles et un accélérateur de carrière pour donner aux femmes leur juste place dans le numérique.”
Le financement reste le principal obstacle auquel font face les chefs d’entreprise, et plus particulièrement les femmes, suivi d’un problème d’accès au marché. C’est ce que révèle une étude de l’Organisation Internationale du Travail à la demande de la CNFCE.
Il poursuit : “Dans la lignée de tous les progrès manifestes réalisés et de ne pas se laisser dépasser par l’accélération de la transformation digitale, il est important pour les entreprises de s’outiller en concordance avec leurs objectifs afin de ne pas rester à la traîne”
La crise de la COVID-19 a accéléré cette transformation. En l’espace de quelques semaines, des secteurs entiers se sont vus digitalisés. Se pose ainsi la question : comment intégrer le digital et en faire bon usage ?
Il serait possible de poser la problématique ainsi : “Pour améliorer le positionnement des femmes entrepreneures africaines, est-ce que la question de formation dans le créneau est indispensable ou est-ce une question de financement pour outiller les entreprises ?” La création de réseau est indispensable.
L’avenir de l’Afrique réside dans ses femmes et sa jeunesse
En plus du digital, Mounir Mouakhar centre l’avenir de l’Afrique sur ses femmes et sa jeunesse. “Tout doit donc être fait pour développer l’autonomisation économique des femmes en Afrique grâce notamment à la formation professionnelle et l’entreprenariat. Par exemple, dans les métiers agricoles, cela a un réel impact positif par rapport au changement climatique. La CPCCAF appuie de toutes ses forces les dispositifs de développement des femmes entrepreneures en Afrique, qu’il s’agisse du Shetrade (qui a été mis en place par le Centre de Commerce International (ITC), ou d’autres initiatives pour assurer la compétitivité dans la technologie et les sciences de l’éducation par le numérique.”
Sommet de l’OIF à Djerba le 20 et 21 novembre 2021
Le webinaire est une étape dans le sommet de la francophonie de Djerba qui aura lieu le 20 et le 21 novembre 2021.
Il appelle tous les participants au webinaire à s’unir pour développer des initiatives et des projets. “Toutes les compétences autour de ce webinaire pourront contribuer efficacement à élaborer des propositions et des recommandations que nous essayerons de porter à la connaissance de chefs d’État et de gouvernements africains lors du Sommet de la Francophonie. La CPCCAF est partenaire de l’UTICA et de la FIPA (Foreign Investment Promotion Agency). Nous devons développer la coopération dans l’intérêt de tous pour une plus grande fluidité de l’information et une meilleure coopération économique. Nous devons nous investir pour que ce sommet, qui a une certaine importance, soit une belle réussite”
La CPCCAF a été créée en 1973 à l’initiative des présidents Georges Pompidou, Léopold Sédar Senghor et Félix Houphouët-Boigny. Il s’agit aujourd’hui d’un réseau de 130 chambres dans plus de 30 pays francophones dont 26 pays africains.