HR Expo, le salon tunisien des ressources humaines organisé par XP Pro le 30 Juin à La Cité de la culture, fait intervenir les deux spécialistes
Zied Rouissi, Directeur général au Centre National de la Formation Continue et de la Promotion Professionnelle et Arnaud Maynadié, associé-fondateur de Talenvia, cabinet de conseil en orientation et admissions, sous la modération de Zeineb Attya, directrice de HR Expo, pour débattre des solutions pour évaluer et renforcer les compétences de demain.
La mutation des compétences et de l’évaluation
Zied Rouissi a affirmé d’emblée: “La pandémie actuelle est un facteur de mutation. Tous ces facteurs de mutation auront un impact tangible sur les métiers de demain. Comment l’entreprise va-t-elle changer et s’adapter ? Certaines compétences deviendront obsolètes et d’autres progresseront.”
Les chiffres sont sans équivoque : “D’après l’OCDE, la compétence a aujourd’hui une durée de vie de 5 ans alors que dans les années 60, elle avait une durée de vie de 30 ans, soit six fois moins. Ce sont les soft skills qui constituent les compétences de demain, ainsi que les compétences digitales. La batterie des compétences transverses sert à résoudre les problèmes complexes.”
En effet, une compétence transversale est “un savoir ou un savoir faire maîtrisé par plusieurs métiers. La compétence transversale se différencie donc de la compétence technique qui est elle partagée par des salariés d’un même corps de métier” (Source : CPFormation). Pour qu’un employé ait une panoplie complète de compétences, il doit équilibrer entre les hard skills, les soft skills, compétence technique et compétence transversale. Ces compétences s’apprennent soit par la formation professionnelle ou universitaire, soit par la pratique.
Et pour la formation à distance ? “La formation à distance a permis la diversification des sources d’information et d’approche et d’apprentissage. Elle a ouvert la porte en donnant
plus de facilité d’accès aux catégories les plus fragiles. Je suis pour la formation mixte entre distance et présentiel. Pour les entreprises, elles ne sont pas conscientes de ces mutations puisque je n’ai pas vu de changements. Les entreprises ont beaucoup travaillé sur ce qui est à distance, mais les textes de loi ne suivent pas. Il faut pousser les entreprises à développer leurs propres plateformes”.
En effet, il y a un important problème de réglementation pour les lois sur la formation et le travail à distance. Malgré une application pratique quotidienne même pour certains, la loi reste floue sur la validité et la qualité du travail et de la formation à distance. Elle n’évolue pas assez vite face à un monde professionnel en pleine mutation.
Les examens et les concours, ces étapes incontournables
Concernant l’évaluation, le constat est clair : “Les examens et les concours sont des occasions à ne pas rater”. Ce sont eux qui placent la barre des compétences à un certain niveau. Sans examen ou concours qui pose une évaluation uniforme et homogène sur un large groupe d’individus, il est difficile de sélectionner les plus compétents, ou encore d’évaluer à grande échelle l’apprentissage.
Arnaud Maynadié, lui, évoque le changement de vision professionnelle chez les jeunes actifs. “Nous sommes un cabinet de conseil tourné vers la jeune génération en quête de définition de son projet professionnel. D’après mon expérience, l’enjeu sur le développement des soft skills tient aussi à une capacité des institutions à ce que chaque individu trouve un sens à sa propre vie. Les soft skills s’expriment et se développent. Il faut trouver le moyen pour que l’organisation de réponde à ce besoin d’épanouissement individuel” Les hard skills sont différents. “Sur les hard skills, il y a une mutation des solutions de formation. Comment est-ce que le distance learning va réussir à relever le challenge ?”
Pour l’évaluation des compétences, les deux intervenants se rejoignent. Les examens et les concours sont essentiels : “Dans cette période de confinement, de changement de modalités d’examen, le passage du concours est une grande source de montée en compétences. Les compétences risquent de disparaître à cause des changements de modalités d’évaluation. Les jeunes seront moins bien préparés aux challenges de demain”