Une nouvelle journée bouleversante à l’ARP, signée par le PDL, qui conteste le projet d’une Loi Organique portant sur l’autorisation au Qatar Fund for Development (QFF) à s’implanter en Tunisie.
L’objectif de cela est de permettre au fonds d’investissement de participer aux financements des projets dans le cadre de la collaboration entre les deux pays dans les secteurs de l’énergie, l’enseignement, la santé, l’agriculture, l’industrie, les NTIC et l’immobilier. Pour rappel, dans le cadre de Tunisia 2020, le Qatar a accordé 250 millions de dollars à ce fonds, outre un accord de contribution à la construction d’un nouvel hôpital d’enfants à Tunis pour 82 millions de dollars.
Ce débat n’est pas nouveau et ce projet de Loi a été avorté auparavant et la question qui se pose est l’ampleur réelle des risques d’atteinte à notre souveraineté si l’autorisation est accordée.
Ce que toute la classe politique doit comprendre c’est que nous devons être pragmatiques avec l’investissement. Nous fonctionnons dans une économie ouverte, et les IDE se font de plus en plus rares. Sur le premier trimestre 2020, la Tunisie n’a attiré que 345 millions de dinars d’investissements étrangers. Nous ne sommes pas en position de force pour dire non à ceux qui veulent investir en Tunisie. Nous ne sommes plus sur les radars des bailleurs de fonds et un effort considérable doit être fourni pour reconquérir la confiance même de nos partenaires historiques.
De plus, toute autorisation accordée à un fonds peut contenir des clauses qui permettent de cadrer ses interventions. Les autorités, essentiellement la Banque Centrale et le Conseil du Marché Financier, ont le droit d’intervenir lorsqu’ils constatent qu’il y a des dépassements qui portent atteinte aux intérêts nationaux. S’il y a des secteurs considérés comme stratégiques, ils peuvent être éliminés de l’accord. Mais avorter tout un accord qui peut créer de l’emploi et nous apporter des devises pour des raisons idéologiques n’a aucun sens.
Nous devons nous inspirer de ce qui se passe entre l’Europe et la Chine. Alors que les deux tiers des IDE en Europe sont financés par le gouvernement de Pékin, l’Union Européenne a mis en place un mécanisme de surveillance des investissements étrangers. Dès qu’il y a un risque, le projet est bloqué. Mettre en place une telle structure doit être le vrai champ de bataille. La Tunisie peut donc rester ouverte à l’accueil des fonds étrangers, indépendamment du pays d’origine, tout en se réservant les droits d’intervenir si elle considère qu’un projet représente un risque pour la sécurité. Autrement, nous resterons toujours à la traîne, et pour de longues années.