La crise COVID, en limitant le déplacement des touristes et en posant des restrictions sanitaires, a eu un impact considérable sur la saison touristique 2020. Les prévisions de la saison 2021 sont floues.
L’Institut Arabe des Chefs d’Entreprise (IACE) et la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie se sont alliés pour réaliser une étude de grande envergure sur les hôtels tunisiens. 95 établissements hôteliers répartis sur l’ensemble du territoire tunisien ont participé. L’étude portait sur la période du 23 avril au 11 mai 2021.
Le tourisme a un rôle essentiel dans l’économie. En effet, la contribution du tourisme au PIB en 2019 est de 14,2%. L’emploi en 2019 lié au tourisme est de 100 000 emplois directs et 289 000 emplois indirects. Les recettes en 2019 sont de 5,6 milliards de dinars. Elles ont été de 2 milliards de dinars en 2020. Suite à la pandémie Covid-19, il y a eu une chute des recettes de 64% et une chute des entrées de touristes de 78%. La régression des recettes en 2021 est de 55,8%. La chute des arrivées de touristes internationaux est de 73%
Mejdi Hassen, directeur exécutif de l’IACE, insiste sur le rôle du tourisme : “Le tourisme est très important pour le PIB et les entrées en devises. Il a un impact indirect sur les autres secteurs. Nous sommes en récession parce qu’il y a une perte de capacité de production”.
Dorra Miled, présidente FTH, et Lotfi El Mami, directeur central de la promotion au niveau de l’ONTT, se rejoignent sur un point. Ils ont déclaré n’avoir “aucune visibilité sur le marché touristique”. Pour Mohamed Ben Ezzedine, directeur général de l’hôtel Club Président et président de la Commission marketing et promotion de la FTH, l’impact de la crise COVID est tel que la Tunisie ne pourra pas se relever : “Nous en sommes à la troisième crise majeure en 10 ans. Il y a eu d’abord la révolution, puis les attaques terroristes et maintenant la COVID. Il va être très difficile de se relever de cette crise. Depuis 20 ans, chaque année, nous perdons du terrain par rapport aux destinations concurrentes comme l’Egypte et la Turquie. La Tunisie est arrivée à avoir le revenu par chambre le plus bas du monde.”
Les résultats de l’étude sont probants. L’apparition de la pandémie COVID-19 ainsi que les décisions prises en vue de sa propagation ont mené à l’interruption de l’activité ou à la fermeture. Depuis le début de la pandémie, 29,21% sont demeurés en activité, 19,74% sont fermés depuis mars 2020 et 51 % ont poursuivi une activité avec plusieurs interruptions.
La restriction sanitaire a eu de lourdes conséquences sur l’hôtellerie, avec 91 % de problèmes de trésorerie, 59 % de réduction des jours d’exploitation, 58 % d’annulation de travaux, 47% d’aggravation du déficit bancaire et 39,5 % de non remboursement des échéances bancaires
La crise a eu un impact négatif important sur le secteur hôtelier. 80,77% des établissements hôteliers ont enregistré une baisse de leur chiffre d’affaires de plus de 50%. Pour atténuer les effets de la crise, 28,67% des répondants ont eu recours aux crédits bancaires et au report de paiement de leurs fournisseurs. 21,68% ont travaillé sur le recouvrement des créances antérieures et 21% ont utilisé leurs fonds propres.
L’impact sur les employés a été étudié en trois phases : après la première vague, la deuxième vague et la troisième vague. Suite à la 3ème vague, 31% des établissements hôteliers ont enregistré une baisse du nombre d’employés par rapport à la période qui a suivi la deuxième vague. 60,5 % ont gardé le même effectif. Le nombre total des employés dans les hôtels enquêtés a diminué de 55% depuis le début de la pandémie. 5% des hôtels n’ont pas diminué le nombre de leurs employés. 40,7% des établissements hôteliers ont assuré des formations à leur personnel.
Si on peut parler de point positif suite à la crise, ce serait certainement celui de la digitalisation. D’après l’étude, 15% des hôtels ont accéléré la digitalisation de leurs services suite à la pandémie, alors que 61,7% n’ont pas investi dans la numérisation en raison du manque de ressources financières. Tournés vers l’avenir, 26% des établissements interrogés souhaitent ou ont déjà initié des mesures visant à renforcer leurs activités dans le tourisme durable.
Quel serait le destin du secteur face à une saison touristique qui risque d’être loin des attentes des professionnels ?