La nouvelle répartition des titres sur le marché actions tunisien devrait impacter les niveaux de valorisation et améliorer l’efficience de l’ensemble de la Place.
Cela concerne surtout les deux groupes de sociétés, sur le marché principal et le fixing, qui ne respectent pas leurs engagements en matière de communication financière réglementaire. Ces entreprises devraient, normalement, être pénalisées par les investisseurs. En l’absence de données chiffrées, la valeur marchande d’une entité cotée doit être sanctionnée par une décote qui varie selon la gravité du retard et des manquements.
C’est important de suivre à la loupe la performance de ces deux groupes car parmi eux, nous trouvons des sociétés qui affichent déjà de très bonnes performances depuis le début de l’année. Elles ne sont pas toutes en territoire négatif. Les investisseurs ne sont pas en train de valoriser les politiques de communication financière des sociétés car pour eux, elles ne comptent pas trop.
Ce n’est pas surprenant dans un marché où plus de 60% des transactions ont été historiquement assurées par les investisseurs individuels, qui basent leurs décisions d’achat et/ou de vente sur les informations non publiques et sur des considérations outres que financières. Les titres bougent significativement lorsqu’il y a des bruits sur l’entrée potentielle d’un partenaire stratégique, de la conclusion d’un marché, de la chute d’un concurrent, etc. Les épargnants tentent d’avoir l’information par leurs propres moyens, via des amis ou des connaissances qui travaillent dans ces entreprises et qui sont partagés dans des groupes fermés sur les réseaux sociaux. Le besoin de recapitalisation n’est pas regardé au sérieux car implicitement, il y a une profonde confiance que la société ne ferait pas faillite et qu’une solution sera trouvée tôt ou tard. Il y a même des investisseurs qui n’investissent que dans les “cadavres”, le sobriquet donné aux entreprises financièrement en faillite mais qui fonctionnent encore. Le marché a ses histoires, et plusieurs ont réalisé un jackpot grâce à des placements dans des sociétés délaissées à très faibles prix puis des ventes à des sommets.
Maintenant, si le régulateur resserre encore l’étau autour des entreprises qui connaissent des difficultés financières, les valorisations devraient encore s’améliorer.
D’autres phénomènes sont encore à analyser durant les mois à venir, surtout concernant l’impact de la capitalisation boursière sur l’appréciation des titres par le marché et surtout celui du déclassement ou reclassement d’un compartiment à l’autre. Le fait de baser ces décisions sur la valeur marchande des entreprises entre le 1er septembre et le 30 novembre de chaque année pourrait rendre cette période dynamique, surtout pour les sociétés qui voudraient bien se hisser dans le groupe A, dédié à celles ayant une capitalisation supérieure à 200 MTND.
Globalement, cette répartition ne peut être que bénéfique pour le marché qui doit abriter les meilleures sociétés en Tunisie, pas celles qui cherchent à réaliser des gains fiscaux ou pour lifter leurs bilans afin de pouvoir s’endetter plus auprès des banques. L’avenir en Tunisie est à la finance directe et pour lui donner toutes les chances de réussite, ces évolutions réglementaires sont plus que nécessaires.