Selma Turki, Executive director AI solutions leader chez EY EMEIA, se confie sur la nécessité d’introduire et de développer l’Intelligence Artificielle en Tunisie à l’occasion du Forum de l’Économiste Maghrébin.
L’IA dans l’entreprise en Tunisie, est-ce un besoin ou bien une technologie surmédiatisée dont tout le monde parle ?
L’intelligence artificielle n’est qu’un outil parmi tant d’autres. L’entreprise en tant que telle doit avoir la vision, la stratégie, les compétences et la possibilité de l’utiliser. Ça permet d’améliorer l’expérience client. Pour une banque, l’IA améliore l’expérience client, donc la banque développe une application qui offre un meilleur service et enregistre les habitudes des clients. Par exemple, il est possible d’utiliser un chatbot pour permettre aux employés de faire du self service. Ces exemples sont des applications de base, qui sont utilisées dans toutes les entreprises à travers le monde, dans la plupart des grandes banques de la place.
L’IA doit être ciblée pour répondre à une problématique spécifique. Ce n’est pas un joujou. L’IA est implémentée en entreprise quand elle répond à un besoin, quand elle aura un impact positif ou financier sur l’entreprise. Il va falloir la développer, la mettre, la supporter et la maintenir. Quand on met en place une solution à base d’IA, elle est dynamique. Par exemple, pour le machine learning, c’est l’apprentissage par rapport à des données envoyées dans l’application. Ces données-là évoluent. Sans maîtrise du modèle, le modèle peut dérailler.
Est-ce qu’il faut aujourd’hui une stratégie gouvernementale de l’IA en Tunisie ?
Idéalement, le gouvernement devrait donner le ton. Par exemple, la Commission européenne voudrait que tous les gouvernements d’Union européenne aient une stratégie digitale de service au citoyen. Ça va de la santé en passant par l’éducation, le service local à la mobilité. La Tunisie ne peut pas se passer d’une stratégie, d’un mouvement directeur, voire d’une vision à long terme. Par exemple, les Émirats arabes unis ont créé un poste de ministre de l’Intelligence Artificielle et de la digitalisation. Cela signifie que chaque nouveau service, chaque déploiement d’une grosse initiative gouvernementale doit passer par la digitalisation et doit capitaliser sur des solutions de type intelligence artificielle.
De plus, si jamais le gouvernement tunisien décide d’aller dans cette direction, il y a plein d’entreprises qui vont se porter volontaires pour le faire gratuitement. Il faut créer ce chemin directeur. Mais avant de le créer, il faut savoir si on a les compétences, l’infrastructure et la réseautique pour le faire.