Alors que le volume de la dette souveraine est devenu le sujet préféré des débats économiques, rares sont ceux qui évoquent le coût de ces emprunts.
La brochure récemment publiée par le ministère de l’Économie, des Finances et de l’Appui à l’Investissement montre que le coût moyen de l’endettement de l’État s’est élevé à 4,42% fin 2020 contre 3,80% fin 2019. Réparti entre extérieur et intérieur, le gap semble être important : 2,69% pour le premier et 8,34% pour le second.
À première vue, les dettes extérieures sont donc une aubaine. Toutefois, corrigées par le taux de change, nous sommes quasiment au même niveau de coût. Concrètement, elles nous coûtent plus cher à cause de la fluctuation du dinar. En 2020, l’effet du taux de change sur l’encours de la dette publique était de 1,35%, soit 793,7 MTND. Même pour les prêts en devises obtenus auprès des banques locales, l’effet change a coûté au Trésor 130,6 MTND, effaçant les gains réalisés en 2019.
La duration de la dette extérieure s’est élevée à 4,41 années, en léger recul par rapport aux années précédentes, reflétant un moindre risque. La maturité moyenne est de 6,66 années. Étant courte, le Trésor est toujours sous pression car les montants à rembourser à chaque exercice sont importants. Une maturité plus longue nous permettra d’alléger cette rubrique du budget.
Toutefois, ce raisonnement n’est parfaitement valable que lorsque le taux de change est maîtrisé. Sinon, les paiements coûteront beaucoup plus cher. D’ailleurs, le risque de refinancement sur 5 ans (l’État ne pourra pas refinancer sa dette en contractant d’autres emprunts) est exorbitant, à 50,8% contre 42,1% en 2018. C’est une conséquence du manque de diversification de la dette.
En fait, notre endettement est essentiellement multilatéral (33 738 MTND). Généralement, les institutions financières internationales n’exigent pas des taux élevés. Idem pour la dette bilatérale qui pèse 10 550 MTND. Notre exposition aux marchés financiers demeure significative avec un encours global de 19 341 MTND, d’où l’ampleur de chaque dégradation de notre rating.
Pour ce qui est de la dette locale, le taux auquel les banques et les assureurs prêtent l’État est important, mais il y a le luxe de ne pas se soucier du risque de change. Le seul élément qui inquiète reste ce transfert massif de risque souverain vers les institutions financières du pays. Les rapports des agences de notation insistent sur ce point, considéré comme un élément fragilisant pour le secteur bancaire.