« Je suis plus que ravie que mon ami Joe Biden et notre première femme vice-présidente, noire et indo-américaine Kamala Harris soient en route pour redonner de la dignité, de la compétence et du cœur à la Maison-Blanche. Notre pays en a terriblement besoin », a attesté Michelle Obama au moment de féliciter Biden et Harris pour leur victoire aux présidentielles.
« C’est à nous de rester impliqués et informés, de parler et de manifester. Nous devons voter encore plus dans les seconds tours des élections sénatoriales en Géorgie, et pour chaque élection locale à venir. Nous devons nous promettre que notre dévouement dans cette élection n’était pas une anomalie, mais la règle», a-t-elle poursuivi.
« Marie-Antoinette » devient l’enfant chéri des médias
Ce sont les paroles d’un leader, d’un activiste rompu aux grands challenges et d’un héraut dont les proclamations solennelles mobilisent des millions. Michelle Obama est tout cela et plus encore. Le monde entier le sait depuis 2008 quand elle devient tout de suite l’enfant chéri des médias US lors de la campagne de son mari à l’élection présidentielle. Elle fait d’innombrables discours qu’elle écrit elle-même, elle laisse libre cours à ses convictions et ne semble pas consciente de l’effet que ces discours peuvent avoir mais l’émotion est là parmi les rangs de la multitude.
Elle n’en est pas arrivée là facilement, surtout avec les médias qui l’ont bombardée de critiques au début, allant jusqu’à l’affubler du sobriquet «Marie-Antoinette » avant de se montrer de plus en plus intrigués par cette femme si éloquente et si passionnée. Michelle Obama est certainement le premier ingrédient qui a transformé la campagne présidentielle de 2008 en un tournant important pour les USA, menant Barack Obama au Bureau ovale et installant la première famille présidentielle afro-américaine dans l’histoire du pays, nonobstant toutes les formes de racisme disséminé en doses inégales un peu partout dans ce pays-continent.
Et si Barak Obama s’emploie immédiatement à tenir les promesses tenues lors de sa campagne, Michelle stimule sa démarche en organisant des rencontres, en visitant des écoles, en donnant des discours poignants… et les critiques souvent acerbes (allant jusqu’à sur son style vestimentaire, sur la couleur de sa peau…) ne semblent pas l’ébranler. Car elle n’obéit qu’à sa propre logique ; toujours aller de l’avant.
Bouger en solo, en duo, en groupe…
Faire partie de la première famille présidentielle afro-américaine dans un pays dont l’histoire et l’actualité est teintée par l’esclavagisme est loin d’être le seul accomplissement de Michelle Obama. En vérité, elle a beaucoup influé sur la transformation de la pratique politique en montant résolument sur la vague de l’explosion numérique et des réseaux sociaux alors que les autres hésitaient.
D’où l’image médiatique de Michelle sur Twitter ; stratégique, méticuleuse, reflétant les thèmes qu’elle défend. Par exemple, la campagne #BringBackOurGirls qu’elle a lancée en 2016 en publiant sur Twitter une photo fustigeant l’enlèvement de 276 jeunes filles d’une école nigérienne par le groupe Boko Haram. Sans son intervention, la sensibilisation du monde à ce sujet n’aurait probablement pas bénéficié de l’envergure qu’elle lui a donnée.
Michelle Obama s’est également jointe à de nombreuses célébrités pour la promotion de causes symboliques qui mettent en lumière les valeurs partagées par la culture populaire américaine. Spécialement, elle a fait le duo avec l’épouse du vice-président de son mari (qui était alors Joe Biden) pour des actions d’envergure. En janvier 2010, elle s’est ainsi déployée en compagnie du Dr Jill Biden (doctorat en sciences de l’éducation et épouse de Joe Biden) pour rejoindre la Croix-Rouge américaine dans le but de soutenir les victimes du séisme en Haïti. Même duo en 2011, quand elle s’engage avec Dr Jill Biden au mouvement Joining Forces qui a pour mission la défense des intérêts des familles de militaires.
Elle se bat comme une lionne !
L’amitié de Michelle Obama et des Biden remonte d’ailleurs à ces moments où ils savaient qu’ils étaient tous quatre loyaux les uns envers les autres. Des liens indéfectibles ? Rappelez-vous fin avril 2020. Joe Biden, assuré d’être le candidat démocrate, était à la cherche du parfait colistier. Portrait-robot : une femme de moins de 60 ans, noire, apte à convaincre aussi bien les électeurs de la gauche du parti démocrate qu’à attirer les fameuses « voix flottantes ». Des noms circulent : Elizabeth Warren, Kamala Harris, Stacey Abrams, Gretchen Whitmer… et Michelle Obama. Les médias s’en emparent alors que Netflix venait d’annoncer la diffusion proche d’un documentaire sur elle à l’occasion de la promotion de son livre sur l’Empowerment des femmes. Et surtout parce que Joe Biden avait dit, juste quelques jours plus tôt, qu’il la choisirait comme colistière sur-le-champ si elle acceptait.
Seulement, Mme Obama ne semblait pas intéressée. Cela ne voulait aucunement dire un manque d’engagement. Au contraire, tout le monde savait que Michelle Obama n’allait pas connaître un moment de répit jusqu’au 3 novembre (jour de l’élection) et que l’équipe démocrate pouvait compter sur le couple de choc Obama. Pour Biden, pour le parti démocrate, pour ses convictions, elle se battra comme une lionne ! Pas de demi-tons avec Michelle Obama. Soutenant franchement Biden, elle ne lésine pas sur les vocables : « Votez pour Joe Biden comme si votre vie en dépend. » Dans ses attaques contre Trump, elle n’y va pas par le dos de la cuillère : « Donald Trump est raciste et sème la peur et la confusion dans l’esprit des Américains. »
Une dette envers les Noirs… !
De fait, dès août 2020, elle était l’une des têtes d’affiche annoncées de la convention virtuelle des démocrates. C’est de là, entre autres spots, qu’elle influe sur les élections alors qu’elle analyse la mort de George Floyd et du mouvement de manifestations contre le racisme et les violences policières : « Chaque fois que nous tournons le regard vers cette Maison-Blanche à la recherche de leadership ou de consolation ou pour un semblant de stabilité, tout ce qu’on voit, c’est le chaos, la division, et un manque total d’empathie. »
La popularité de sa justesse d’opinion s’étend également très tôt à des questions techniques qui auront une incidence radicale sur le déroulement des votes. C’est de la sorte qu’elle a averti, dès le début, que les électeurs qui sont restés chez eux en 2016 ont contribué à la victoire de Donald Trump qui avait perdu le vote populaire et qu’il fallait aux démocrates d’en tirer les conclusions évidentes.
Une mobilisation tout à l’image de la mobilisation tous azimuts de la communauté noire-américaine, révélant par le truchement de la médiatisation de tout ce que fait Michelle, le rôle clé de tous ceux dont Niambi Carter, professeur de sciences politiques à l’Université Howard, dit sans détours : « La coalition Biden a une dette envers les Noirs. »
Une dette aussi envers Michelle ? Elle dit n’avoir aucun intérêt pour la politique mais personne ne sait ce qui va se passer dans les années qui viennent, quels challenges vont apparaître, quel engagement irrépressible à monter au créneau, quel appel du devoir lancé… Beaucoup sont convaincus qu’elle a les épaules pour assumer, à ce moment-là, la Magistrature Suprême des États-Unis.