Homme-orchestre ! Car comment appeler autrement cet entrepreneur touche-à-tout, pilote et aérostier (pilote de montgolfière), écrivain, homme d’affaires, investisseur, producteur de télévision, producteur de cinéma et même professeur d’enseignement secondaire… ? Imaginez le spectre de compétences nécessaires pour mener de front autant de « carrières » et dites-vous que c’est peut-être pour cela qu’il transforme tout ce qu’il touche en or. Des dizaines de sociétés de réputation mondiale gérées de main de maître et, quand on voit la chose de loin, tout semble facile pour Sir Richard Branson. Les photos, les vidéos, les passages télé qui le montrent le font apparaître invariablement rieur comme si le vent n’a jamais cessé d’être en poupe !
Évidemment, tout le monde sait que ces images sont ô combien loin de la réalité. Il faut bien plus qu’une improbable bonne étoile pour ces succès qui partent de sa marque fétiche ; Virgin Group. Les Virgin Megastores, Virgin Atlantic (transport aérien), Virgin Cola (sodas), Virgin Racing (écurie automobile), Virgin Trains (transports ferroviaires), Virgin Mobile (téléphonie mobile), Virgin Active (salles de sport), Virgin Money UK (finances) et Virgin Galactic (tourisme spatial). Une fortune dépassant les 4,8 milliards de dollars, selon Forbes.
Un Management bouillonnant !
Comment un enfant dyslexique diagnostiqué tardivement de mauvaise vue et dont les études n’ont jamais été brillantes en est-il arrivé là ? Grâce à un accident au genou qui le dévie de son amour pour le sport, il se découvre une étonnante soif d’apprendre par lui-même. Et le voici qui se lance dans toutes sortes d’aventures : commerce de sapins pour Noël, élevage de perruches ondulées, et dès quinze ans, il quitte l’école pour Londres où il crée le magazine « Students » avec Jonathan Holland-Gems dont il dérive Student Advisory Centre, (une sorte de planning familial pour étudiants).
Après des difficultés de sponsoring, Branson se réoriente vers la vente de disques par correspondance. Le second acte commence quand une grève de la Poste britannique menace ses ventes par correspondance. Il ouvre sa première boutique à Londres avant d’acheter une propriété qu’il transforme en studio d’enregistrement et résidence pour artistes.
À partir de là, Branson lance le label Virgin Records avec Nik Powell et Simon Draper. Le premier album Virgin paru en 1973 est Tubular Bells de Mike Oldfield dont l’utilisation d’un extrait dans le film en fait un succès colossal. Il se vendra à plus de dix millions d’exemplaires. Les Sex Pistols, Phil Collins, Culture Club, Queen… font le reste. Virgin progresse avec livres, vidéo, restauration, mégastores… et c’est le moment du troisième acte : Branson vend Virgin Music à Thorn EMI en 1992 pour développer Virgin Airways puis Virgin Atlantic. Le quatrième acte est universaliste, si l’on peut dire.
En février 2007, Branson propose de créer en Grande-Bretagne une banque mutualiste publique de greffons. Il va encore plus loin en juillet 2007 et son initiative commune avec Peter Gabriel, Nelson Mandela, Graça Machel et Desmond Tutu qui convoquent à Johannesburg une assemblée de dirigeants influents du monde entier qui veulent contribuer, à l’aide de leur expérience et de leur sagesse, à résoudre les problèmes les plus importants de la planète. Pourtant, le bouillonnement ne s’arrête pas. En 2009, Richard Branson sponsorise la nouvelle équipe en Formule 1 Brawn GP Formula One Team.
En 2010, la marque Virgin parvient à avoir une écurie à son nom : Virgin Racing. Le 1er juillet 2012, il réalise la traversée de la Manche en kitesurf. Le 26 mars 2014, il déclare lancer une offensive dans le secteur des croisières… Une saga qui aurait pu se poursuivre à l’infini avec la même recette : de l’audace, encore et toujours de l’audace ! Branson semble avoir fait sienne la flamboyante formule de Danton au plus fort de la révolution française.
Courage et solutions non conventionnelles
Aurait pu… car les choses ont commencé à se compliquer avec l’apparition de la Covid-19. Nous retrouvons ainsi Richard Branson en juillet 2020 après des mois d’incertitude et de tourmente, au moment où le Parlement britannique lui refuse les subventions à l’État britannique pour sauver de la faillite Virgin Atlantic à cause de la pandémie et où les médias le pressaient de questions sur son statut fiscal et sa résidence dans les Îles Vierges britanniques. Branson ne semble pas atteint, il lève 250 millions de dollars pour soutenir Virgin Atlantic et s’empresse de réunir plus d’un milliard de dollars pour faire passer à ses entreprises la tempête de la Covid-19.
C’est encore une fois le Management du chef d’orchestre, fait de courage et de solutions non conventionnelles. Les résultats ? Malgré la situation critique du personnel de Virgin Atlantic, seuls 3 000 d’entre eux perdent leurs emplois, alors que la compagnie rivale ; British Airways, tente de licencier 12 000 salariés et modifie les contrats de 30 000 autres à la faveur de ce que les médias décrient comme une tentative calculée pour tirer profit de la pandémie !
Branson garde encore la tête haute en novembre 2020 quand les actions de sa startup Virgin Galactic vouée au tourisme spatial chutent de plus de 10% à cause de directives du ministère de la Santé du Nouveau-Mexique concernant la Covid-19. C’est un peu le coup de grâce car un lancement spatial réussi de Virgin Galactic aurait apporté du baume au cœur de Richard Branson en lui donnant la possibilité de clôturer 2020 à un niveau positif. Une perte sèche de 200 millions de dollars. Seulement, en Manager avisé, Branson n’a pas mis ses œufs dans le même panier.
Vous vous rappelez sans doute qu’il a doté Virgin Galactic d’une société sœur : Virgin Orbit, spécialisée dans l’activité de lancement de petits satellites. Eh bien, Virgin Orbit travaille encore et elle prépare un lancement pour très bientôt.