L’agence Fitch Ratings considère que l’accord signé entre le gouvernement tunisien et l’UGTT comme un bon premier pas qui “améliore les perspectives de changements de politique”, a-t-elle indiqué dans un billet publié sur son site Internet. Ce changement, ajoute l’agence, est “susceptible de faciliter l’accès de la Tunisie aux financements officiels”.
Cela dit, l’agence de notation a noté qu’un accord sur les réformes “reste très incertain et les risques posés par des besoins de financement élevés sont considérables”.
L’accord, signé le 31 mars dernier, permet de créer des comités dont la mission est de proposer des réformes dans des domaines tels que la fiscalité, les subventions énergétiques, la restructuration de certaines entreprises publiques, les systèmes de vente au détail et la fixation des prix.
“La probabilité d’un accord de financement avec le FMI augmentera si un consensus sur un programme de réforme crédible est atteint”, rappelle l’agence à cet égard. Néanmoins, Fitch Ratings affirme qu’il y a encore “peu de détails” sur les mesures envisagées.
Aussi, Fitch Ratings note que l’accord “ne fait pas référence à la réforme de la fonction publique”, bien que l’importante masse salariale du gouvernement “constitue un obstacle majeur aux efforts de consolidation”.
Un accord sur la coordination des réformes économiques a également été conclu avec l’UTICA le 7 avril dernier.
L’agence a souligné dans son billet le risque que pose le retard de la mise en place d’un programme de soutien avec le FMI. “Cela augmente les risques de financement, compte tenu des besoins de financement particulièrement élevés du pays.”
Le gouvernement prévoit de couvrir la plupart de ses besoins de financement à l’extérieur, dans un contexte de contraintes croissantes pesant sur la capacité d’absorption de la dette du marché intérieur. Un accord du FMI sera essentiel pour attirer d’autres financements officiels et renforcer la confiance des investisseurs internationaux en dette.
Fitch a souligné que le rôle du FMI dans le renforcement du sentiment des investisseurs sera encore plus crucial surtout si les États-Unis refusent de renouveler un accord en vertu duquel ils ont garanti deux obligations souveraines tunisiennes, chacune valant 500 millions USD, qui arrivent à échéance cette année.
Les réserves de change fournissent une protection contre les risques de liquidité immédiats, en cas de déficit de financement externe. Les réserves brutes s’établissaient à 8,4 milliards de dollars à fin mars 2021, contre 2,3 milliards de dollars de dette extérieure publique venant à échéance cette année, selon les estimations de l’agence.
Les réserves seraient augmentées de 715 millions de dollars supplémentaires si le FMI émettait 650 milliards de dollars dans une nouvelle allocation générale de droits de tirage spéciaux (DTS), selon les estimations de Fitch Ratings. Néanmoins, si le souverain n’est pas en mesure de garantir les niveaux de prêts au secteur public, cela pourrait entraîner une pression à la baisse sur la notation de la Tunisie, affirme l’agence.
Les plans de réforme, s’ils étaient adoptés, seraient toujours soumis au risque de mise en œuvre, ce qui pourrait affecter les perspectives du FMI et d’autres financements officiels. Le mécontentement social a été aggravé par les difficultés économiques associées au choc de la pandémie Covid-19. Cela peut renforcer l’opposition du public aux efforts du gouvernement pour réduire les dépenses budgétaires sur les salaires et les subventions.
Les risques pesant sur les réformes et l’adoption de la législation découlent également de la scène politique instable de la Tunisie. Le gouvernement a une majorité dans le parlement fragmenté, mais les divisions politiques sont élevées au milieu des retombées entre le président non affilié politiquement et les plus grands partis de la législature. Il existe un risque d’élections anticipées, ce qui pourrait retarder davantage les réformes.