« Autant je suis fière de toutes les réalisations faites dans une période difficile sur le plan politique et économique aggravée par la crise sanitaire, autant je reste foncièrement optimiste quant au potentiel de la Tunisie de relever le défi et décrocher la place qu’elle mérite sur le plan international », assure Olfa Ben Ouda, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, au moment de la célébration des 10 ans de coopération entre la Tunisie et l’UE dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Bilan d’un potentiel à faire valoir au sein des consortiums européens
Olfa Ben Ouda rappelle que cette coopération repose, certes, sur des considérations cartésiennes, mais aussi sur l’inspiration d’un exemple universellement admiré, évoquant la Communauté européenne du charbon et de l’acier en passant par la CEE jusqu’à l’UE instituée par le Traité de Maastricht, cogitant sur le rêve des pères fondateurs Schumann, Monnet, Gasperi et Adenauer qui est devenu réalité.
« Ce partenariat modèle s’est renforcé au lendemain de la révolution de la liberté et de la dignité. Nous avons trouvé en l’UE un partenaire solide, fidèle et toujours prompt à nous accompagner dans le processus de transition démocratique initiée en 2011 mais aussi sur plusieurs fronts, dont récemment celui de la crise sanitaire de la Covid-19. Et c’est dans ce cadre multiple que l’on trouve l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, un domaine stratégique dans lequel notre pays investit sans compter », poursuit-elle.
Selon elle, le bilan des 10 dernières années est en, tous points, exceptionnel, avec de nombreux projets qui ont permis de promouvoir la Recherche et de favoriser son absorption par le tissu économique, consolider les compétences des formateurs et appuyer l’ouverture et l’employabilité des jeunes. Elle souligne que la Tunisie est le seul pays africain et arabe à décrocher le statut de pays associé pour l’UE et cite le programme H2020 où la Tunisie constitue une Success Story à l’échelle africaine et méditerranéenne (première place MENA avec des financements passant de 1,2 à 12,21 millions d’euros et un taux de réussite de 18% contre une moyenne européenne de 14%). Un taux de réussite qui témoigne du haut potentiel scientifique des communautés de la Recherche en Tunisie et de leur latitude à faire valoir leur expertise au sein des consortiums européens. Olfa Ben Ouda rappelle également que le Programme EMORI d’appui à l’éducation, la mobilité, la Recherche et l’innovation a pu également mobiliser 70 millions d’euros pour améliorer la performance du secteur de l’éducation ; et, dans sa composante enseignement supérieur, EMORI stimule l’employabilité des jeunes et l’entrepreneuriat via la promotion de la mobilité et la valorisation de la Recherche et l’innovation. Il existe d’autres programmes comme Erasmus Plus où la Tunisie a été le premier pays de la région sud méditerranéenne en termes de nombre de projets et de financement en 2019.
« Nous continuons tous ensemble à œuvrer pour fonder la Tunisie moderne, et l’éducation et l’enseignement supérieur, piliers de notre société, qui représentent une priorité absolue pour le développement du pays ; la crise Covid-19, le passage à l’enseignement et en ligne et le Blended Learning a été une dure épreuve pour notre système universitaire mais cette épreuve nous a incité à déterminer nos points forts et nos points faibles. Cela nous a menés à l’investissement dans l’infrastructure numérique et la formation des formateurs et nous avons réussi l’année universitaire 2020 et, inchallah, 2021 », promet-elle.
Ancrer les valeurs de la science, du travail, de l’humanisme et de la paix
Toutefois, et indépendamment de la crise, Olfa Ben Ouda se dit consciente que les nouvelles pédagogies innovantes et le Blended Learning constituent l’avenir de l’enseignement supérieur et que la Tunisie est engagée à poursuivre l’investissement dans l’infrastructure numérique : « Cependant, l’enseignement à distance ne peut être qu’un complément au présentiel, et cela pour une multitude de raisons ; pédagogiques, certes, mais aussi humaines car nos universités sont aussi des espaces de rencontre, d’expérience, d’échange et donc de vie que le virtuel ne pourra jamais supplanter car indispensables à l’épanouissement de tout un chacun parmi les membres et acteurs de la vie universitaire, alors que nos jeunes sont appelés à se transformer en citoyens responsables de demain. »
La ministre fait miroiter une vision globale de l’université qui commence par une offre de services modernes adaptés aux étudiants, premier pas de mutation vers l’université de demain comme espace de rencontre, de dialogue et d’ouverture, au rayonnement national et international. Vient alors la priorité des formations à fignoler en collaboration avec le monde socio-économique pour qu’elles correspondent aux exigences du marché du travail et respectent les normes de qualité à travers l’accréditation : « En parallèle, nous veillerons à l’adaptation des formations en intégrant les compétences du 21ème siècle (compétences digitales, pratiques et Soft Skills), à la facilitation de la mobilité, à placer les étudiants étrangers au cœur de la stratégie d’ouverture où la Tunisie vise à devenir une destination académique africaine. Et, surtout, nous encouragerons l’entrepreneuriat car la Tunisie, bien qu’ayant d’excellents classements en Recherche (13ème dans le Global Innovation Index 2020) devra se focaliser sur les problématiques des entreprises et plusieurs mécanismes seront mis en place pour faciliter l’ouverture des universités et des centres de Recherche sur leur environnement. En tout cela, nous sommes convaincus que la mission d’ouverture et de coopération entre la Tunisie et l’UE est appelée à durer et à s’affirmer. Cette relation privilégiée, fondée sur les liens de solidarité, permettra de soutenir la jeunesse tunisienne en ancrant les valeurs de la science, le travail, l’humanisme et la paix. »