Il n’est pas rare qu’une photo de groupe soit bien plus éloquente que les faits, les chiffres et les témoignages. Peut-être cette fois plus encore : un noyau fait d’un échantillon de chefs d’entreprises bénéficiaires (une dame et 2 messieurs) puis un périmètre de chefs d’antennes régionales de la BFPME, ensuite les nombreux partenaires institutionnels qui ont rendu tout cela possible.
La photo est un résumé du projet de coopération « Assistance technique à la BFPME et aux autres autorités concernées pour atténuer l’impact de la crise Covid-19 sur les PME tunisiennes » en collaboration avec l’OCDE et le soutien financier du Royaume-Uni, où la BFPME s’est engagée à améliorer son accompagnement non financier et à renforcer sa collaboration avec ses pairs publics.
Derrière les crises, des opportunités à saisir
Écoutons d’abord les chefs d’entreprises. Selon Imen Bakhti, promotrice de la société Diet Factory (agro-alimentaire), le programme d’accompagnement lui a sauvé la mise : « Suite à la crise, nous avons perdu toute notre trésorerie, il fallait payer nos salariés et la BFPME nous a soutenus. Mais nous travaillons sur des produits non conventionnels et nous avons eu besoin de plus que des financements ; plutôt des stratégies et des actions. » Selon le témoignage de Zied Chafai, promoteur de la société Amina Confection (textile), le constat est encore plus tranché : « J’ai vécu beaucoup de crises dans le textile-habillement mais ce que nous avons subi durant la Covid est sans égal. La présence d’une banque de proximité qui nous accompagne, c’est une réelle aubaine ; la BFPME a été très encourageante et son accompagnement, sa présence, son écoute, nous a permis de trouver nos points forts. » Mohamed Ben Ammar, promoteur de la société Oasis Contrôle (services industriels), nous parle d’actions vitales : « Nous travaillons dans le cadre du lessivage avec le Groupe chimique, et quand la Covid nous a forcé au confinement, notre CA s’est effondré. Nous avons eu la chance d’être sélectionnés par la BFPME pour le soutien non financier, la chance de peser nos points forts et faibles. »
Maintenant, c’est au tour des chefs d’antenne. Anis Meddeb, Directeur du bureau régional de la BFPME à Gafsa, évoque son expérience du projet non sans une certaine fierté de son lot de 3 sociétés sélectionnées pour la phase pilote : « L’encadrement par un expert international ; puis l’établissement d’un plan d’action, l’intervention d’un expert national, la contribution de l’écosystème régional… tout cela nous a permis d’écouter les Feed Backs des entreprises, et nous a offert la possibilité de cadrer nos propres compétences en tant que bureaux régionaux, et d’améliorer la visibilité dans les relations BFPME-entreprises. » Même conviction pour Abdelkarim Selmi, Directeur du bureau régional de la BFPME à Kairouan, qui poursuit sur le rôle crucial dans l’accompagnement post-création : « Notre expérience à Kairouan avec 6 PME a montré de nouveaux défis imposés par la Covid pour nous dire que, derrière toutes les crises, il y a des opportunités à saisir si nous travaillons sur la durabilité et sur la construction d’un écosystème solide. »
Une vision et une synergie pour l’écosystème
Ce projet, qui vise l’accès aux marchés, l’amélioration des stratégies commerciales et marketing, l’innovation, la gestion, l’organisation travail/RH, la sécurité au travail, accompagne 50 PME (dont 34 sont situées dans des régions défavorisées et dont 50% sont dirigées par des femmes) sélectionnées en tenant compte des potentialités et des critères de développement : emplois pouvant être sauvegardés, proportions de femmes employées, localisation géographique.
Anis Chaari, Sous-Directeur de l’Identification et du Développement de la BFPME, souligne que les 50 entreprises viennent de l’Ariana, Béjà, Gabès, Gafsa, Kairouan, Kasserine, Kébili, Sfax, Sidi Bouzid, Sousse, Tataouine et Tozeur et nous parle d’un long travail de patience qui a duré 6 mois avec 4 sessions de formation et plus de 120 réunions d’accompagnement. « La structuration et la normalisation du service s’est opéré à travers la plateforme numérique Saned en collaboration avec les autres organismes d’appui autour d’un ordonnancement nouveau et une production nouvelle ; le tout dans le but de canaliser cette collaboration, la rendre mécanique, la pérenniser.»
Ce n’est pas Jouneidi Abderrazak, Consultant OCDE, qui dira le contraire : « Il ne s’agit pas seulement des 50 entreprises actuelles car la plateforme Saned restera à la disposition de la BFPME en tant qu’outil flexible, extensible et garant de durabilité du processus d’accompagnement non financier conçu pour la BFPME. Saned sera d’ailleurs intégrée dans le système informatique de la BFPME. »
Un dernier point : L’enquête a révélé que l’écosystème tunisien était insuffisamment réactif, fragmenté et manquant de coordination, et qu’il était une richesse mal exploitée, entravée par l’absence d’une vision commune et par le manque de synergie. Et là, le projet UK-BFPME-OCDE a eu le mérite de montrer qu’une quarantaine d’organismes publics parmi lesquels l’APII et l’APIA, le CEPEX et les différents centres techniques spécialisés ont prouvé que le travail d’ensemble était possible et que la dynamique de cette collaboration pouvait beaucoup apporter au secteur privé.