La Chambre Nationale des Femmes Chefs d’Entreprises (CNFCE) a présenté, lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée le 6 août à l’UTICA, les résultats de l’enquête nationale intitulée « L’impact de la pandémie du Covid-19 sur les activités économiques des femmes cheffes d’entreprises tunisiennes ».
Une nouvelle stratégie pour la CNFCE
Cette étude, réalisée en collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT), a été élaborée sous forme d’un questionnaire en ligne. Ce dernier a été envoyé au réseau des adhérentes de la CNFE, les fédérations professionnelles de l’Union Tunisienne de l’Industrie du Commerce et de l’Artisanat (UTICA), le réseau des chambres régionales des FCE et au réseau professionnel et associatif.
Leila Belkhiria Jaber, Présidente de la CNFCE, a souligné à ce propos : « Cette journée a pour objectif de présenter une enquête en ligne effectuée au mois de mai auprès des femmes responsables d’entreprises pour actualiser la stratégie et le plan d’action de la Chambre nationale des femmes chefs d’entreprises. Cette étude concerne 170 entreprises tous secteurs et dimensions confondus. Elle a donné lieu à plusieurs recommandations qui nous ont amenées à prendre des décisions comme aller vers les organismes financiers et leur demander de donner aux femmes chefs d’entreprises des mécanismes de financement leur permettant de renflouer leur trésorerie, pour faire face à la crise du Covid ».
La responsable a notamment insisté sur le nouvel agencement du programme de l’académie des femmes chefs d’entreprises qui va être orienté vers le digital et qui peut être l’une des issues utilisées par la femme cheffe d’entreprise pour dynamiser ses offres et services en l’occurrence, les plateformes web, les pages Facebook, les modes de paiement électroniques.
Aida Béji Kallel, Consultante et conseillère en compétitivité des entreprises, a présenté en chiffres, les principales informations sur les entreprises enquêtées comme le secteur d’activité, le nombre d’employés, le degré d’impact de la pandémie sur les activités de l’entreprise etc.
63,5% des entreprises ont été très affectées
« Ce qui ressort en détail de cette enquête effectuée sur ces 170 entreprises, c’est que 60 d’entre-elles (soit le 1/3 de l’échantillon) représentent l’unique source de revenu familial. Sur un tiers, un taux de 70% a été fortement impacté par la crise de la Covid-19 » a déclaré Aida Béji Kallel.
Concernant la répartition des entreprises par secteur, on en distingue 5 réparties comme suit : industrie (14,1%), artisanat (22%), agriculture (2%), commerce (10%) avec une grande proportion pour le secteur des services qui représente à lui seul 52%, soit un total de 89 entreprises.
En ce qui concerne le nombre d’employés des entreprises interrogées, l’enquête a révélé que plus des 2/3, soit un total de 120 entreprises sont des TPE ayant moins de 10 employés (soit un taux de 70.5 %). 32 entreprises ont entre 10 et 50 employés (18,8 %) et enfin, 18 entreprises font partie de la catégorie « moyenne » avec plus de 50 employés (10,5%).
Globalement, 90% des entreprises sondées ont été impactées à différents degrés par la crise sanitaire du coronavirus au niveau de leurs activités.
Pour ce qui est du degré d’impact de la pandémie, les résultats montrent que 63,5% des entreprises (soit 108 entreprises) interrogées ont été très affectées, 27,6% modérément infectées et 7,6% ont été légèrement affectées.
En ce qui concerne les impacts négatifs sur l’entreprise, on peut citer 68% d’entreprises ayant estimé une baisse de leur revenu et 44,7% d’entreprises ayant déclaré une suspension pure et simple.
Plus de la moitié des entreprises sondées ont déclaré un arrêt complet du travail soit 87 entreprises et enfin, 30% (53 entreprises) ont été incapables de payer les salaires de leurs employés.
Un manque d’accès à l’information et aux programmes d’aide aux PME du gouvernement suite à la Covid-19
Ce qui ressort également de cette étude, c’est la complexité des démarches bureautiques et l’exigence de plusieurs conditions peu réalisables pour les entreprises souhaitant bénéficier des mesures d’accompagnement proposées par le gouvernement.
Ainsi, autour des 2/3 des entreprises sondées ont signalé des difficultés à pouvoir accéder à ces informations. Selon les arguments invoqués par les entreprises, les difficultés résident dans l’insuffisance de la communication, ainsi que la difficulté d’opérer sur la plateforme d’aide aux entreprises, sans oublier le manque de maîtrise de l’outil informatique de certaines femmes qui opèrent dans le secteur de l’artisanat.
Les femmes cheffes d’entreprises de différents secteurs ont exprimé certaines solutions pratiques et palpables. Elles ont cité le besoin d’encourager l’entrepreneuriat féminin, d’obtenir des aides financières, l’assistance pour le recours à l’export. Elles ont également proposé une réglementation relative aux marchés publics, ainsi que la création d’un think tank au sein de la CNFE pour sortir de la crise.
Lancement d’une cellule d’écoute Post-Covid
Suite à ces recommandations et pour mieux soutenir les cheffes d’entreprises, le CNFCE a envisagé le lancement d’une cellule d’écoute Post-Covid.
L’idée est de créer une cellule d’écoute dédiée aux entreprises en très grandes difficulté, selon Syrine Dimassi Dargouth, Vice-présidente de la CNFCE, qui ajouté à ce propos : « Il s’agit d’une commission constituée d’expertes en finance et en communication, de coachs de vie, ds psychologues, d’avocates… Ce noyau dur va essayer d’être à l’écoute des adhérentes. Nous avons sélectionné pour commencer, la quarantaine d’entreprises qui constituent le seul soutien familial ».