Rhintos Games est un studio de conception et de développement de jeux vidéos récemment créé par trois co-fondateurs : Ahmed Chlagou, Hishem Zarrad et Ayoub Ben Thabet. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas chômé durant la période de confinement, en conceptualisant dans son ensemble, un jeu vidéo sur mobile.
Un jeu de type « runner » à la sauce tunisienne
« Le concept de Taxi G a été créé en confinement, à distance, à la fin avril 2020. Le développement a commencé fin mai. L’idée était d’avoir une première version jouable et accessible au public d’ici novembre 2020. Après, on compte développer davantage notre produit à travers le feedback et le retour des joueurs. On vise à créer un gameplay unique en nous basant sur un genre classique qui est le Runner sur les smartphones et tablettes mobiles » déclare Ayoub Ben Thabet, Managing Partner.
Il nous explique que le jeu consiste en un joueur qui sera dans la peau d’un conducteur du fameux « Taxi Jama3i » qui fait référence au célèbre taxi louage emprunté chaque jour par des milliers de tunisiens. Ce dernier aura à embarquer le plus de passagers possibles sur la route. Cependant, il devra faire attention à plusieurs obstacles : chats, dos d’âne, bus « Zina et Aziza » …
« Nous avons eu aussi l’idée d’intégrer des éléments visuels que le joueur reconnaîtra facilement. Par exemple, la fameuse horloge de l’avenue Habib Bourguiba. On compte aussi faire un clin d’œil à d’autres régions et de faire la même chose avec des « monuments » iconiques à l’instar d’El Jam, du Pont de Bizerte, de l’oasis de Tozeur…) » souligne Ayoub.
Des débuts bouleversés par la crise du Covid-19
Revenant au tout début de la création du studio Rhintos Games en novembre 2019, Ayoub évoque la vision commune qu’il a eu avec ses deux compères : celle de créer de bons jeux vidéos pour la bonne audience.
Après une labellisation par le programme Startup Act le même mois de création de leur startup, les trois acolytes ont commencé au début, avec l’objectif de créer un jeu plus grand et plus ambitieux : Gods Don’t Fall.
Il s’agit d’un jeu destiné aux joueurs sur PC/Console. « L’idée est de réinventer un genre de jeu classique et le mélanger avec des mécanismes d’autres jeux comme Street Fighter (le bon timing, les combos, les punishs…) » ajoute Ayoub.
« Malgré des promesses d’investissements et beaucoup d’encouragements, la Covid-19 a changé la donne à ce moment-là. La scène entrepreneuriale a pris une autre tournure en Tunisie et à l’international et on a perdu beaucoup de support. Du coup, on s’est retrouvé obligé de changer de direction, en proposant un projet plus petit et plus réalisable : un Runner game qu’on a baptisé Taxi G » ajoute Ayoub qui ne cache pas son désir de travailler sur des projets pour PC et Consoles car leur portée est plus conséquente à l’échelle internationale.
« On aime beaucoup les jeux d’arcade, dont la console Switch qui est une des consoles sur laquelle on désire travailler. Mais en l’état actuel des choses, on reste réaliste, en tant que petit studio avec une équipe réduite, on vise le mobile vu que les modalités d’entrée sur la plateforme sont accessibles et l’accès aux joueurs est très facile. Si un investisseur est prêt à supporter une équipe jeune et dynamique, on aura peut-être les bonnes ressources et talents pour le faire prochainement » souhaite notre jeune développeur qui ajoute que Taxi G est la priorité de l’équipe qui vise à le développer jusqu’au bout, en attendant de s’attaquer à leur autre jeu de plus grande envergure initialement prévu.
Le gaming, un secteur en pleine mutation
Quand on lui demande son avis sur l’avenir du secteur des jeux vidéos en Tunisie, Ayoub reste très enthousiaste en indiquant que malgré les difficultés, les choses sont en train d’évoluer. À cet égard, il souligne que le mot « jeu vidéo » n’est plus synonyme de perte de temps ou d’argent par les temps qui courent. Le gouvernement est entrain de comprendre l’importance de ce secteur et les studios actuellement disponibles en Tunisie commencent à s’adapter à la réalité. On a déjà assisté au décollage de projets ambitieux à l’international soutenu par des investisseurs tunisiens. Cela nous encourage énormément à aller de l’avant ! ».
Notre passionné du gaming évoque le fait que cette industrie est en train de s’agrandir et de se structurer. « Le seul problème réside dans le manque de cours spécialisés aux développeurs tunisiens qui est toujours un peu en retrait par rapport aux normes internationales. Cela doit absolument changer. Il existe des organismes qui sont entrain de suivre les bonnes pratiques de formation comme les Global Game Jam et les Hackaton de Gamification. Seulement, à eux seuls, ils ne pourront pas construire toute une génération de développeurs de jeux vidéo. On se retrouve la plupart du temps à chercher du talent dans d’autres pays ! » déplore Ayoub.
Il affirme qu’il faut capitaliser sur l’appartenance des tunisiens à ce grand continent africain où l’industrie est également en train de s’agrandir rapidement. « Pour notre part, on est déjà en discussion avec plusieurs acteurs africains pour collaborer sur plusieurs niveaux » conclut-il.