Évoquant la complexité de l’intelligence artificielle dans un contexte de relance économique, Jelel Ezzine est intervenu lors du webinaire lancé par le ministère de l’Industrie et des PME.
D’emblée, Jelel Ezzine, Advisory Board member et UNESCO science report 2020, a mis en avant le manque d’experts spécialisés dans l’impact des technologies dans la société, notamment des spécialistes en éthique, en gouvernance et en politique publique. Et ce, lors de son intervention dans le webinaire organisé par Innovi et le ministère de l’Industrie et des PME. Dans cette optique, il a assuré que « c’est cette dimension d’engagement qui manque aujourd’hui en Tunisie. Nous avons des gens brillantissimes, des entrepreneurs qui ont de la ténacité et des idées. Mais malheureusement, l’environnement sociotechnique et économique en Tunisie ne leur permet pas de se développer à la vitesse voulue ».
La Tunisie, 1ère en publications scientifiques «IA» dans la région
Selon Ezzine, la Tunisie possède plus de 20 000 chercheurs qui publient dans tous les domaines, et entre autres, sur plusieurs sujets tournant autour de l’intelligence artificielle. « Nous avons une présence, des projets de recherche et des publications qui nous positionne d’une façon très compétitive dans notre région et même dans le monde ». Et pour preuve, la Tunisie est en tête de peloton en termes de publications, à condition qu’elle puisse normaliser le nombre de papiers par personne ou par le PIB. « Notre production est respectable. Le problème c’est qu’aujourd’hui, cette productivité n’est pas aiguillée et n’a pas de missions à accomplir. Nos chercheurs travaillent beaucoup plus sur leur carrière et leur avancement scientifique » a-t-il soutenu.
Soutenir une dynamique entrepreneuriale pour les scientifiques
Ezzine a par ailleurs insisté sur la nécessité d’un engagement de la part du gouvernement et des politiques. Comment ? À travers le lancement d’une stratégie ciblée pour soutenir une dynamique entrepreneuriale pour les scientifiques et leur donner les moyens nécessaires en termes de production de savoir. Selon le scientifique, les PME tunisiennes n’ont actuellement pas les moyens pour avoir une activité de recherche à un niveau acceptable soutenu car cela demande énormément de moyens.
Partant du postulat qu’il n’y a pas de synergie requise entre le monde académique de recherche et le monde économique et industriel en Tunisie, Jelel Ezzine a déploré un manque à gagner immense : « Si nous arrivons à réunir ces deux mondes, cela pourrait donner un élan formidable pour soutenir nos jeunes pousses et multiplier leur nombre en Tunisie et leur influence dans la région ».
Pour conclure, notre homme a mis en avant l’importance de l’IA et de l’horizontalité dont elle bénéficie et qui pourrait amener à « une 4ème révolution industrielle qui devient une urgence pour faire repartir la machine de production tunisienne et redécoller l’économie ».