Comment l’industrie tunisienne pourrait se maintenir dans la course de la compétitivité internationale ? Les intervenants du webinaire intitulé « Et si la Covid-19 accélérait le passage à l’industrie 4.0 ? » organisé par l’AHK le 28 juillet ont tenté d’apporter des éléments de réponse.
Ni les petites ni les grandes entreprises industrielles ne pourront échapper à l’industrie 4.0 si elles veulent améliorer leurs productivité. Ce séminaire en ligne a réuni des représentants de l’écosystème industriel tunisien (entreprises privées, cadre institutionnel, écoles et universitaires, représentants de fonds internationaux…) pour mieux appréhender ce qu’est l’Industrie 4.0, ses contours, ses enjeux et anticiper les adaptations à opérer pour les entreprises industrielles.
L’obligation de s’adapter aux évolutions des technologies futures
Pour Sebastian Krieger de Bosch Rexroth, l’industrie du futur doit s’adapter aux contraintes de connectivité et de flexibilité afin de proposer aux consommateurs des produits uniques et personnalisés, tout en maintenant un certain niveau de gains. Selon le responsable, «Ce concept de 4ème révolution correspond à une nouvelle façon d’organiser les moyens de production, essentiellement grâce à la digitalisation du process. Il s’agit de la convergence du monde virtuel, de la conception numérique, de la gestion avec les produits et objets du monde réel ».
Dans le même sens, Kais Mejri, directeur général de l’Innovation au ministère de l’Industrie et des PME, a ajouté que face à la compétitivité mondiale, nos entreprises doivent s’adapter au rythme des évolutions des technologies futures et émergentes qui englobent l’intelligence artificielle, la robotique, l’IOT et le Big Data, le Cloud, la 5G, l’AR/VR et l’impression 3D». Et de préciser,” La 4ème révolution industrielle s’est développée dans un contexte de crise ces dernières années, dans un monde économique de plus en plus mondialisé où la concurrence a été de plus en plus rude”.
Pour Mejri, cela implique 7 paradigmes dont il faut tenir compte : la gestion de la rareté contre l’abondance, la personnalisation à outrance contre la production en masse, le différé vers l’instantané, la pluridisciplinarité, la centralisation vers la transformation digitale, la vitalisation des processus de production et la dématérialisation.
« Ce passage est un changement de paradigme qu’il faut mettre dans l’esprit des industriels tunisiens pour être dans la rareté et l’instantanéité afin de gagner de nouveaux marchés internationaux » a-t-il ajouté.
Il a insisté sur la re-centralisation de l’industrie tunisienne à travers une meilleure flexibilité, une capacité de résilience pour pouvoir subir les ondes de choc des crises internationales. Il a mis en avant l’importance de la connexion de l’industrie avec ses sources d’innovation (labos de recherche, monde des startups, talents). Enfin, on gagne, selon Mejri, de favoriser le travail en cluster en créant une alliance IR 4.0 avec un système de labellisation qui sera la locomotive pour l’économie 4.0 en Tunisie.
L’importance d’accélérer la transformation digitale
Hichem Elloumi, vice-président de l’UTICA, a affirmé que l’industrie en Tunisie réalise des performances intéressantes relativement aux pays du sud de la méditerranée. Un des points forts est la variété de nos produits (pièces détachées en robotiques, mécanique, plasturgie, agro-alimentaire…). Il n’en reste pas moins que l’un des plus grands défis de l’industrie tunisienne est la compétitivité. Celle-ci donne lieu à une bataille internationale pour fabriquer des produits constamment innovants et exportables ».
« Durant la crise, on a compris qu’il était important d’accélérer la transformation digitale car les entreprises tunisiennes sont à différents niveaux de maturité. Il faut reconnaître que plusieurs réalisations ont été effectuées en collaboration avec le gouvernement. Nous avons mis en place pas mal d’outils (plateformes de collaboration en ligne, paiement électronique, migration vers le Cloud, automatisme des processus et connectivité…) » a ajouté Elloumi. Il a souligné la nécessité de présenter un programme basé sur un minimum de processus, de cadre législatif, d’infrastructure et de connectivité afin de pouvoir réussir cette transformation digitale et aller vers le 4.0.
« Les produits issus de la crise ont su booster l’axe de l’innovation et de l’adaptation des processus industriels à l’évolution des technologies. Pour consolider ces acquis, un partenariat avec les entreprises allemandes, très en avance sur ce sujet, serait bénéfique pour le tissu industriel tunisien » a-t-il conclu.