Le secteur hôtelier tunisien vit l’une de ses plus profondes crises à cause de la pandémie mondiale. “La situation est difficile”, a indiqué à cet égard Mouna Allani Ben Halima, Vice-Secrétaire Générale à la FTH et CEO de La Badira.
La Tunisie a mis trop de temps pour annoncer les modalités d’accueil des touristes. “Les listes verte, orange et rouge n’ont été publiées qu’à la fin du mois de juin”, a-t-elle déploré. Et d’ajouter : “Entre temps, la plupart des touristes ont réservé leurs vacances dans des pays concurrents qui ont publié, dès début juin, les mesures à prendre, tels que la Grèce ou encore l’Espagne”. Pour la CEO de La Badira, la Tunisie a agit trop tard pour sauver la saison. “Il n’y aura pas de touristes cette année”, a-t-elle affirmé.
Selon Allani, la situation s’est compliquée davantage avec l’annonce de certains pays, tels que la Belgique et l’Italie qui déconseillent à leurs citoyens de se rendre en Tunisie. “Rappelons-nous que les pays européens sont eux aussi en crise allant jusqu’à imposer le tourisme interne à leurs ressortissants”, a indiqué Ben Halima.
La crise sanitaire a également engendré des changements dans les préférences des touristes. “Ils veulent éviter les voyages en avion et les séjours en hôtels de peur d’être en contact avec des personnes infectées”, a indiqué la CEO de La Badira. Selon elle, les touristes préfèrent désormais se déplacer en voiture pour passer leur séjour en maisons d’hôte. “C’est plus sécurisé”, a-t-elle expliqué.
Pis encore, les deux marchés clés que la Tunisie a pu conquérir lors de ces dernières années, à savoir l’Algérie et la Russie, font face à un grand nombre d’infections, a souligné l’hôtelière. “Nous avons eu des attentes par rapport aux marchés polonais et tchèques, mais la Tunisie ne les a pas classés en liste verte ce qui ne facilite pas la commercialisation de la Tunisie”, a-t-elle indiqué.
Même le tourisme local ne pourrait sauver la donne. Selon Allani, un grand nombre de salariés ont déjà consommé leur solde de congé lors des deux mois de confinement, sans oublier la baisse considérable du pouvoir d’achat. “Même les offres et les promotions que sont en train de commercialiser certains hôtels ne seront pas suffisants à séduire les consommateurs”, a souligné Allani.
La CEO de La Badira a également mis l’accent sur la grande difficulté auxquels font face les hôteliers de Djerba à cause de la hausse des prix des billets d’avion vers l’île. “À 280 dinars le billet, le transport aérien est hors du budget d’un grand nombre de familles”, a-t-elle noté. Autre secteur touché de plein fouet durant la crise selon Allani: les hôtels business.
Malgré la situation, la CEO de La Badira reste optimiste. “On garde espoir pour les mois de septembre et octobre qui sont traditionnellement rentables”, a-t-elle souligné. Car, “une fois les vacances d’été achevées, la Tunisie devient la destination préférée des personnes âgées, des jeunes couples et des célibataires”, a indiqué l’hôtelière.
Et de conclure : “Ce n’est pas ça qui va sauver la saison mais ça peut aider à arrondir les angles … à condition que la situation sanitaire revient à la normale”.