Bonne nouvelle pour l’agriculture en Tunisie, puisque les cultures Ramli de Ghar el Melh au nord de la Tunisie et les jardins suspendus de Djebba situés dans le gouvernorat de Béja ont obtenu la certification SIPAM (Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial). Ils rejoignent ainsi l’oasis de Gafsa déjà reconnue depuis 2011.
Dans ce cadre, une conférence de presse pour annoncer cette nouvelle a été organisée ce vendredi 26 juin au ministère de l’Environnement en présence des principaux acteurs qui ont favorisé l’obtention de ce certificat à savoir le ministre de l’Environnement, Chokri Belhassen, Alissar Chaker, représentante adjointe du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), du représentant de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ainsi que les gouverneurs respectifs de Bizerte et Béja et des députés des deux régions.
C’est quoi le programme SIPAM ?
Le programme SIPAM ou Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial, vise à identifier les systèmes agricoles qui soutiennent et préservent notre biodiversité et les ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture, les moyens de subsistance en milieu rural, les systèmes de savoir, la culture et les paysages remarquables ce qui représente l’essentiel du développement durable.
Les cultures Ramli de Ghar el Melh : un mode de culture unique au monde
Les aménagements des cultures Ramli sont uniques au monde par leur emplacement puisqu’ils sont en forme de petites parcelles situées sur les marais au bord de la lagune de Ghar el Melh, appelés également Gattayas. Ils sont irrigués naturellement par l’eau de pluie emmagasinée et surnageant la surface de l’eau de mer et parvenant aux racines des plantes à travers les mouvements des marées.
Un projet de résilience côtière initié par le PNUD en Tunisie, mené conjointement avec l’Agence de Protection et de l’Aménagement du Littoral (APAL), a appuyé le montage du dossier qui a été envoyé à la FAO pour la certification du site en tant que site SIPAM.
« On a développé un plan d’action mais on ne va pas s’arrêter là, on va continuer à travailler avec nos partenaires pour continuer à mettre en œuvre ce plan d’action et apporter notre soutien et notre appui pour les actions qui ont été identifiées comme étant prioritaires », nous a déclaré Fadhel Baccar, Project manager au PNUD Tunisie. En rajoutant que ce projet va encore durer une année et continuera au-delà de cette période.
Le projet de résilience côtière du PNUD en faveur de Ghar el Melh est valorisé à 5.3 millions de dinars mais l’organisme onusien est toujours à la recherche de fonds pour mener à port les actions qui restent à faire tout en s’appuyant sur l’importance de cette certification qui contribuera à garantir un équilibre social dans la région lié à la gestion des ressources et à la production alimentaire.
Les jardins suspendus de Djebba : un système agroforestier exceptionnel
De leur côté, les jardins suspendus de Djebba dans le gouvernorat de Béja, ont également obtenu la certification SIPAM. Nichés sur les hauteurs du Mont el Gorâa, ils forment un système agroforestier exceptionnel. Les agriculteurs ont réussi à façonner ce paysage montagneux à leur avantage en intégrant l’agriculture sur les terrasses.
Cette certification a été obtenue avec l’aide du FAO et permettra de conserver les connaissances et pratiques agricoles traditionnelles locales et précieuses ainsi que la préservation d’une technologie d’adaptation au changement climatique ingénieuse et des systèmes de gestion des ressources naturelles durables.
« Ces certifications favorisent le tourisme écologique »
Le ministre de l’Environnement, Chokri Belhassen, a félicité les deux régions pour l’obtention du certificat SIPAM considérant que cette reconnaissance mondiale tend à consolider le patrimoine agricole, les connaissances artisanales et les produits agricoles locaux. Et ce grâce à l’effort des habitants de ces deux régions à travers les siècles.
« La Tunisie jouit d’une riche biodiversité puisqu’à ce jour, il existe près de 7.500 types de plantes et animaux répartis sur plus de 80 systèmes naturels et agricoles » a déclaré le ministre de l’Environnement lors de son allocution.
Il a également rajouté que cette biodiversité rencontre actuellement des difficultés qui vont être traitées. Et ce, dans le cadre de la stratégie nationale de la biodiversité et de lutte contre la désertification. À noter que ce programme qui pourrait prendre fin vers 2030 coûtera près de 3.737 millions de dinars.
Enfin, un plan stratégique a été établi par le ministère et ce jusqu’à l’année 2030 dans le but d’obtenir cette certification pour trois autres régions à savoir la ville berbère de Kesra, les Îles de Kerkennah grâce à leur pêche traditionnelle « Charfia » et le système de culture « Jessours » au sud tunisien.