Le Chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a été auditionné ce 25 juin dans l’hémicycle de l’Assemblée des représentants du peuple au Bardo. Durant son allocution qui a duré près d’une heure, Elyes Fakhfakh a donné le bilan des 100 jours de son gouvernement, les mesures prises pour faire face à la pandémie du COVID-19 ainsi que les chiffres économiques du pays.
« Notre mission aujourd’hui est de sauver l’État tunisien », a déclaré le Chef du gouvernement du haut du parloir de l’ARP devant 149 représentants du peuple présents.
Un plan de relance économique et sociale
Dans ce contexte, le gouvernement a opté pour une nouvelle politique de restructuration qui s’étale sur deux étapes différentes à savoir, une étape de sauvetage et de confiance afin de préserver les entreprises et les emplois et promouvoir de nouvelles chances ainsi qu’une étape pour bâtir un meilleur avenir à travers un plan quinquennal qui garantit l’efficacité des grandes réformes et permet de passer vers un nouvel plan de développement qui se base sur une large intégration afin de mettre fin à la disparité sociale et régionale, garantir des emplois et valoriser les compétences, réaliser l’évolution numérique et énergétique et enfin une meilleure gestion de l’endettement.
Soutenir les entreprises sinistrées
Parmi ces mesures figure la poursuite du soutien des entreprises sinistrées à travers la mise en place de deux lignes de financement dont une première de 50 millions de dinars consacrée au chômage technique, une seconde à hauteur de 1.5 milliard de dinars pour la trésorerie garantie par l’État et également la mise en place de fonds de paiement pour la restructuration des entreprises à hauteur de 700 millions de dinars.
Stimuler l’économie par l’investissement privé
Le Chef du gouvernement a annoncé la volonté de son gouvernement à stimuler l’investissement privé à travers un arsenal juridique, notamment, en mettant en place les mécanismes de la loi de l’économie sociale et solidaire et l’application du décret de l’investisseur autonome. Elyes Fakhfakh a également indiqué que la digitalisation figure parmi les priorités du Chef du gouvernement depuis son arrivée à la Kasbah. Parmi les principales mesures annoncées, il y a l’approbation des chartes concurrentielles sectorielles dans cinq secteurs. L’amélioration de la rentabilité du port de Radès où des travaux ont été entamés pour la réalisation de deux quais depuis l’été 2019 est parmi les priorités. Lutter contre l’économie rentière et améliorer la concurrence et enfin commercialiser la destination Tunisie ont aussi été dans le menu du Chef du gouvernement.
Stimuler l’économie par l’investissement public
Dans le troisième axe du plan de sauvetage figure la stimulation de l’économie par l’investissement public à travers l’accélération du remboursement des créances de l’État à hauteur de 1.000 million de dinars, la simplification des procédures ainsi que la digitalisation de l’administration et la réduction des licences.
Le gouvernement désire sauver cinq entreprises publiques stratégiques à travers cette mesure, sans mentionner leurs noms, mais également établir une mobilité professionnelle afin de renforcer la capacité des autorités locales.
Par ailleurs, une somme de 3.000 millions de dinars a été allouée pour la réalisation de projets de développement dans les régions tandis que des projets de coopération entre les secteurs public et privé vont être financés pour la somme de 2.000 millions de dinars.
Garantir l’autonomisation sociale
L’autonomisation sociale figure parmi les mesures qui tend à offrir un programme de logement pour 30.000 familles tunisiennes sur une durée de cinq ans et un programme de seconde chance pour 250.000 jeunes tunisiens sur la même période.
Le système de couverture sociale « Ahmini » lancé en 2019, qui permet d’intégrer les femmes rurales non assurées dans le système de couverture sociale, va être élargi à d’autres tranches bénéficiaires.
Il a été également décidé de mettre fin aux mécanismes de fonctionnement fragile et régler la situation des bénéficiaires des mécanismes de travail dans les chantiers et des professeurs et enseignants par intérim ainsi que de réexaminer des critères d’attribution du logement social.
Lutter contre la corruption
Enfin, la lutte contre la corruption figure toujours parmi les priorités de ce gouvernement qui a décidé de réexaminer les textes de la politique pénale, de soutenir les capacités du pôle juridique et financier et les capacités de la police économique en y intégrant une équipe spécialisée dans la lutte contre la corruption ainsi que la mise à disposition des décisions et verdicts administratifs et de les appliquer.
Un taux de croissance inférieur à 6%
Elyes Fakhfakh a tenu à soutenir, à respecter et à encourager le capital national social. Il a appelé à cesser de diaboliser les hommes d’affaires et investisseurs, qui sont les moteurs de la reprise de l’activité économique.
Les chiffres économiques sont quant à eux alarmants notamment le taux de croissance qui est inférieur à 6% ainsi que le taux d’endettement qui a atteint les 60%. Une hausse due spécialement à la dévalorisation du dinar selon le Chef du gouvernement qui insiste sur le fait qu’ils feront leur possible pour baisser ce taux à 40% prochainement. Les ressources de l’État ont également connu une baisse atteignant les 5.000 millions de dinars.
Chômage et pauvreté en hausse
Cependant et malgré les aides sociales dont ont bénéficié les familles nécessiteuses durant la période du confinement, la situation sociale a empiré, et le gouvernement a enregistré que 4 millions de tunisiens vivent dans la pauvreté. Les aides sociales ont été distribuées à près de 1 million et 100 mille familles en situation vulnérable durant la pandémie du COVID-19 a annoncé Elyes Fakhfakh.
De son côté, le taux de chômage risque de grimper puisque près de 130.000 personnes risquent de perdre leurs emplois et s’ajouteront aux 650.000 chômeurs actuels, dont un tiers sont des jeunes a-t-il rajouté et ce malgré le fait d’avoir distribué des subventions à 460.000 employés durant le confinement.
Crise sectorielle, dette et digitalisation
La crise économique que traverse le pays a touché plusieurs secteurs d’activités spécialement ceux de l’automobile, de l’habillement et de l’artisanat. Des secteurs vitaux pour le pays mais qui connaîtront une crise qui s’étalera sur trois années selon le Chef du gouvernement.
Il a par ailleurs appelé à la nécessité de soutenir le partenariat entre le secteur public et le secteur privé afin de stimuler l’investissement dans le pays.
Avant de conclure, Elyes Fakhfakh a voulu démontrer que l’État s’intéresse aux secteurs innovants prometteurs à savoir les jeux vidéo et les logiciels.