L’impact de la COVID-19 sur l’épargne collective était significatif. Il suffit de regarder l’actif net des fonds obligataires fin mai 2020 qui est passé au-dessous de celui de la fin d’année 2019. Pour rappel, fin février, l’actif net de ces fonds s’est établi à 3,289 milliards de dinars. Depuis, c’est une tendance négative qui s’est dessinée et nous voilà fin mai avec seulement 3,088 milliards. C’est donc plus de 200 millions de dinars qui ont disparu. L’industrie de la gestion d’actifs paie, encore une fois, le prix de la mauvaise conjoncture.
Rappelons que le secteur a perdu 1 milliard de dinars en moins de trois ans. En mai 2018, l’encours des fonds obligataires était de 3,942 milliards de dinars. La chute libre est le résultat de la fuite des capitaux vers les produits monétaires qui rapportaient plus. Les fonds de taille importante, donc avec d’anciennes lignes d’emprunts obligataires et de BTA ont perdu leur attractivité car leurs rendements n’étaient plus en ligne avec ce que le marché proposait. Le modèle de distribution via les guichets de banques n’avait pas joué en leur faveur puisque ces dernières dosent leurs efforts commerciaux en fonction de leurs propres besoins.
La décision d’augmenter le taux de la retenue à la source à 35% sur les comptes à terme, les certificats de dépôt et les bons de caisse devrait nuire aux Organismes de Placement Collectif. Les SICAV obligataires mettent de l’argent dans ces produits et les gains nets vont s’effriter. Elles sont également très actives dans la souscription aux billets de trésorerie qui, logiquement, seraient concernées par cette mesure. Et voilà maintenant l’intention de rééchelonner le remboursement de la dette interne, donc de la fameuse ligne de BTA 5,5% octobre 2020, qui va priver les fonds d’une poche importante de liquidité.
Durant les prochaines semaines, nous devons voir des changements dans les stratégies d’investissement des gestionnaires de fonds, avec une priorité accordée à la dette obligataire. C’est probablement une chance aux compagnies de leasing pour retourner au marché. Des émissions à 10% refléteraient la baisse du TMM et seraient très attractives pour les investisseurs. Nous pouvons également observer un transfert des fonds obligataires aux fonds mixtes ou actions si le compartiment equity de la Bourse de Tunis retrouve les couleurs. L’essentiel est de réduire le gap avec les placements monétaires et tenter de récupérer l’argent retiré durant les dernières années. C’est vital pour une industrie censée être au cœur de la relance économique.