Voici une nouvelle approche pour analyser les dégâts de la pandémie sur l’économie tunisienne : évaluer l’augmentation de la fragilité financière des micro et très petites entreprises (MTPE) et l’aggravation de la pauvreté multidimensionnelle des ménages. C’est le sens que se donne l’édition spéciale de l’Economic Policy Dialogue (EPD) organisée conjointement par le PNUD et la Banque mondiale en collaboration avec le ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération Internationale.
Chocs sur l’offre, la demande et l’investissement
La vocation ‘’interne’’ du Workshop destine ses débats menés sur la base d’études à suggérer des recommandations concrètes pour les pouvoirs publics qui, pour cette édition, étaient absents. Les patrons et experts l’ont dit et redit, soulignant que des décisions politiques doivent être prises d’urgence si nous souhaitons digérer au plus tôt les impacts du Covid-19. De même, ils ne se sont pas privés de révéler les chiffres qui auraient dû alarmer les officiels ; notamment une croissance négative de -4,4%, des besoins de financement de 12,5 milliards de dinars (50% de plus que prévu), une hausse du chômage de 15% à 21% (plus de 270 mille nouveaux chômeurs)… avec des chocs sur l’offre, la demande et l’investissement et des régions frappées plus que d’autres.
Les chiffres sont particulièrement alarmants pour les deux catégories choisies par l’étude : les MTPE et les ménages où les termes de pauvreté monétaire et de pauvreté multidimensionnelle sont en hausse franche, risquant de s’aggraver avec des survivances pratiquement au jour le jour ! Certes, certains secteurs sont touchés moins que d’autres mais même ceux-là ont des sous-secteurs en difficulté, spécialement en rapport avec la baisse du pouvoir d’achat. C’est l’itération de cet exemple qui donne la pleine mesure de la dépendance de l’entreprise de la réalité générale de fragilisation financière des ménages.
Vers un État stratège et agile
De nombreuses voix ont averti que notre visibilité est nulle alors que la Covid-19 marque une rupture sur les marchés internationaux, faisant carrément miroiter une renégociation de la mondialisation.
La Tunisie est au centre de l’Europe-Afrique et les opportunités ne manquent pas selon les experts et les patrons présents qui citent des exemples évidents : activer l’économie verte, redéfinir le tourisme, oser la transformation digitale.
Les pouvoirs publics doivent se projeter, comprendre que la nature de l’État a basculé vers un État stratège, agile, qui donne de l’impulsion, libère les initiatives et travaille à un nouveau modèle économique. Une voie que les experts disent devoir être pavée par l’accélération des réformes, la refonte de la logistique, l’assainissement des entreprises publiques, l’organisation des chaînes de valeur, investir sur les différentes infrastructures, se donner des marges de manœuvre, communiquer sur notre image, aller au fond de la qualité… et surtout l’application des règles de la gouvernance à tous les étages.