La Tunisie est devenue hier, 18 juin 2020, le premier pays de la région à disposer d’une loi sur l’Économie sociale et solidaire après le vote du texte par l’Assemblée des représentants du Peuple.
Cette branche de l’économie regroupe, en effet, les entreprises et les organisations qui cherchent à concilier activité économique et équité sociale. Les champs d’action des acteurs de l’ESS sont multiples : du commerce équitable à l’épargne solidaire, en passant par les innovations sociales dans le champ de la protection de l’environnement, de la lutte contre l’exclusion, de la santé ou de l’égalité des chances, etc.
Avec la promulgation de cette loi, les acteurs de l’ESS jouissent désormais d’une reconnaissance de la part de l’État ce qui leur permet d’aller encore plus loin dans leurs actions. Car, à vrai dire, les acteurs de l’ESS n’ont pas laissé le manque d’un cadre réglementaire les empêcher d’agir. Les initiatives dans le cadre de l’économie sociale et solidaire sont déjà nombreuses.
Et ce sont ces mêmes acteurs qui ont lutté, depuis 2016, pour faire de cette loi une réalité. Au mois de mai dernier, par exemple, une centaine d’acteurs d’ESS se sont regroupés au sein d’une initiative, Tounes Solidaire, visant à mettre les feux des lumières sur l’importance de l’ESS pour la Tunisie. “La loi sur l’ESS était au coeur d’une lettre ouverte adressée par le collectif aux trois présidences pour réclamer des mesures au profit du secteur”, a indiqué au Manager Rachid Abidi, CEO de Lab’ESS, un incubateur de projets d’ESS. “Nous sommes heureux de voir que la loi a vu le jour”, a-t-il ajouté.
Mais le chemin est encore long, souligne Abidi. Selon lui, les membres du collectif vont désormais focaliser sur les décrets d’application. “Nous souhaitons pouvoir collaborer avec les différents ministères en charge pour réfléchir ensemble à ces différents textes pour qu’ils prennent en considération la réalité du terrain”, a-t-il expliqué. “Ou pire encore, qu’ils n’aient pas des textes d’application”, a-t-il ajouté.
En ce qui concerne la mise en place de l’instance supérieure de l’ESS, le label ESS et bien d’autres points concernant l’application de cette nouvelle loi, les acteurs de l’ESS souhaitent faire partie des discussions. “Nous voulons mettre en place une task-force composée de bailleurs de fonds, de la société civile, des ministères et, pourquoi pas, du secteur privé, pour que notre voix soit entendue”, a souligné Abidi.