En dépit d’une consommation moyenne élevée du sucre par habitant (33 kg/an) et d’un coût d’importation important (661 millions de dinars en 2019), l’industrie sucrière n’a pas la place qu’elle devrait avoir en Tunisie. C’est ce qui ressort de l’étude élaborée par BMCE CAPITAL SECURITIES sur le secteur en Afrique et qui a montré l’incapacité de tous les pays du continent à atteindre l’autosuffisance.
Pourtant, côté infrastructure, la Tunisie dispose de deux principales usines. La première est la Sucrerie-Raffinerie de Béjà, la seconde est le Complexe Sucrier de Tunisie implantée à Jendouba. Les deux gouvernorats bénéficient d’une bonne qualité du sol, caractérisé par une meilleure assimilation chlorophyllienne (18-20% contre 14-16% en Europe) et d’un rendement quantitatif bien supérieur (30-40 tonnes de betteraves/hectare).
La lourdeur de la facture pour la Caisse Générale de Compensation a poussé à l’abandon de ce modèle de production à partir de betteraves dès 1997. En 2012, l’État a décidé de relancer à nouveau la culture de la betterave à sucre à Jendouba à travers un programme d’implantation de 700 hectares. L’objectif est la production de 25 000 tonnes de sucre raffiné à horizon 2020, soit près de 6,5% de la consommation nationale estimée 380 000 tonnes/an. Les derniers chiffres disponibles relatifs à 2017 montrent que la production annuelle ne dépasse pas 100 000 tonnes. Le gap est couvert par l’importation, essentiellement du Brésil, l’Algérie et l’Ukraine.
L’Office du Commerce de la Tunisie détient le monopole de l’importation du sucre brut et sous-traite la production du sucre blanc auprès de la Société Tunisienne de Sucre au prix de 160 TND/tonne (prix 2016). Les variations des prix sur les marchés internationaux ont causé des pertes à la société qui souffre d’importantes difficultés financières. L’État vend le sucre aux particuliers à perte (0,970 dinars/kilo). Pour les industriels, qui pèsent 50% de la demande nationale, les subventions ont été supprimées depuis 2017. La libéralisation des prix reste une option sérieuse attendue pour les prochaines années.
La Tunisie dispose de tous les atouts nécessaires pour améliorer sa production. La meilleure preuve est la cession de Tunisie Sucre dans le cadre de la vente des biens confisqués dès 2012 à un investisseur libyen. Nous n’avons qu’à prendre les bonnes décisions dans une période où toute opportunité de création de valeur est recherchée.