Dans un nouveau rapport publié hier, la Banque Mondiale s’est montrée prudente quant à la capacité de l’économie mondiale à rebondir rapidement. L’ampleur de la catastrophe ne serait visible qu’avec la reprise du cycle économique.
Le PIB mondial devrait se rétracter de 5,2% en 2020, le plongeon le plus important depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Le nombre de pays qui vont enregistrer une baisse dans leurs PIB/habitant est tellement élevé qu’il faut remonter à 1870 pour en trouver autant. Le recul serait plus significatif dans les pays développées qui devraient perdre 7% en 2020, contre -2.5% pour les économies émergentes. L’impact de la crise sanitaire est plus important dans les pays montrant une forte dépendance vis-à-vis du commerce mondial, du tourisme, des exportations de produits de base et des financements extérieurs.
En 2021, le rebond serait de 4,2% pour l’ensemble de l’économie mondiale. Le taux de croissance est estimé à 3,9% pour les économies développées et de 4,6% pour celles en développement. Cela suppose un retour relativement rapide à la normale, la levée des restrictions du confinement ainsi qu’un rétablissement des marchés financiers.
Si la pandémie persiste et le commerce mondial et les chaînes d’approvisionnement restent perturbés, la baisse du PIB serait de 8% en 2020. Les pays émergents vont reculer de près de 5%. La reprise mondiale se limiterait à juste un peu plus de 1% en 2021, le rythme le plus faible en 25 ans.
La nécessité d’une action synchronisée
Pour s’en sortir, il faut jouer en équipe. Au-delà de la coopération sanitaire, les problématiques du secteur informel et le manque de filets de protection sociale doivent être traitées en priorité. Le secteur informel représente le tiers des économies les plus pauvres et emploie 70% de leur main d’œuvre. Cette dernière n’a pas un bon niveau d’éducation et est sous-payée, ce qui augmente sa vulnérabilité.
L’accès aux financements dans de bonnes conditions et l’existence d’une marge de manœuvre budgétaire sont les deux conditions qui vont déterminer la capacité de chaque pays à dépasser rapidement la crise.
Pour le cas de la Tunisie, la Banque Mondiale s’attend à une baisse de 4% du PIB en 2020 et une reprise de 4,2% en 2021. On fera moins bien que les pays importateurs de pétrole de la région MENA qui devraient se contracter de 0,8% en 2020. L’année serait marquée par un tourisme en berne, un investissement atone et une consommation limitée. Le niveau élevé de la dette publique est un autre obstacle à la croissance du pays.
Il s’agit d’une crise inédite, et des réformes profondes sont nécessaires pour s’en sortir. Il est fort probable que les lourdes mesures déjà prises soient insuffisantes. Des manœuvres de plus grande envergure seraient nécessaires dans les mois à venir.