Les premières 100 séances de cotation à la Bourse de Tunis ont été rouge vif. En fin de compte, la Tunisie n’est pas isolée du reste des places financières et tous les investisseurs en Equity ont laissé des plumes.
Sur la période, le Tunindex a reculé de 9,57%, et il faut remonter à 2011 pour retrouver une aussi mauvaise performance. Pourtant, nous pouvons confirmer que la situation que nous sommes en train de vivre est beaucoup plus grave en termes de conséquences économiques. En partie, les dégâts ont été limités puisque la Bourse de Tunis a bien changé les règles du jeu depuis le 18 mars. La fourchette de variation des prix a été divisée par deux et limitée à 3% et la durée de la séance d’échange a été réduite.
Est-ce que cela permettrait d’éviter une nouvelle vague de baisse dès le retour à la normale ? Pas vraiment à notre avis car il coïnciderait avec des annonces de chiffres macroéconomiques peu prometteurs et qui vont montrer que la crise n’est pas totalement pricée dans la valeur des sociétés. Le Tunindex dépend des banques (-12,07% depuis le début de l’année) et les retombées sur le secteur sont sous-estimées. Il suffit de revenir au récent rapport de S&P pour comprendre que la crise n’a pas encore commencé en dépit du soutien de la BCT. Cette dernière a mis en place une batterie de mesures pour stabiliser le système financier et économique. Mais pas pour qu’ils puissent payer du dividende à leurs actionnaires.
Le volume global du marché s’est établi à 460,460 MTND, en baisse de 16,5% en rythme annuel. L’application d’une plage horaire réduite a certainement contribué à cela, mais ce n’est pas tout. Il y a aussi un manque de liquidité, absorbée par l’Etat à travers ses adjudications. L’absence des dividendes des banques a aggravé la situation. Les informations qui circulent quant à une possible hausse de la retenue à la source sur les dividendes et sur les dépôts à terme (frappe indirectement les SICAV) ne sont pas appréciées par le marché. A cela s’ajoute le retard dans la publication des états financiers et l’absence d’une vraie stratégie de communication financière par les sociétés. Ce qui ne fait qu’augmenter les doutes sur leurs performances futures.
Et comme toute crise, les investisseurs étrangers se sont démarqués par leurs désinvestissements. Depuis le début de l’année, ils ont vendu des actions pour la somme de 61,792 MTND sur le marché régulier. Ainsi que 15,017 MTND sur le compartiment des blocs. Côté achat, leur intervention s’est limitée à 7,218 MTND sur le marché régulier. La place s’est donc tunisifiée avec un rôle primordial pour les investisseurs individuels qui acheté, en net, pour une valeur de 40,792 MTND depuis janvier. Cet effort est notable, mais il ne pourrait pas sauver l’industrie de l’intermédiation boursière, malheureusement toujours oubliée par les décideurs.