Les chiffres devancés par l’ITCEQ sur l’impact du coronavirus sur l’économie tunisienne font froid au dos: une baisse de 46% du PIB au deuxième trimestre, la perte de 430 mille postes d’emploi et la chute de 33% des revenus des foyers pauvres.
Au fait, l’ITCEQ estime le coût d’un mois de confinement total à une perte estimée à 3,8% du PIB annuel, soit 4 milliards de TND. Mais si la crise s’étale à deux ou trois mois, l’économie tunisienne perdra respectivement 7,7 et 11,6% de son PIB annuel, soit 8,1 milliards TND et 12,2 milliards TND, respectivement !
Par rapport au deuxième trimestre 2019, l’économie tunisienne verra une réduction de 46,4% de son PIB au deuxième trimestre 2020.
Et tous les secteurs seront touchés !
Agriculture, le secteur le moins touché
La forte demande de certains produits alimentaires (semoule, farine, sucre, …) lorsque les premiers cas de Covid-19 ont été annoncés a causé une forte perturbation des canaux de distribution, a souligné l’ITCEQ dans son rapport. Les restrictions à la circulation des travailleurs des exploitations fruitières ont également eu un impact important sur la culture fruitière à forte intensité de main-d’œuvre, réduisant fortement l’offre de fruits sur les marchés locaux. En outre, des stocks adéquats au sein du réseau d’unités de stockage réfrigérées pour les fruits en Tunisie ont réduit les incitations des agriculteurs à récolter les fruits dans les conditions actuelles du marché. Pour des raisons similaires, l’offre de bétail sur les marchés locaux est fortement réduite.
Cela dit, l’ITCEQ indique que le secteur agricole semble être le secteur économique le moins touché avec une baisse annuelle prévue du PIB de 0,5 milliard de dinars. Cet impact “réduit” reflète en partie le besoin continu de nourriture de la population, même si les marchés agricoles connaissent une activité beaucoup plus faible. Cependant, le secteur agroalimentaire, y compris l’agriculture, la transformation des aliments et les services affiliés, entraînerait, quant à lui, une baisse annuelle du PIB jusqu’à 7.5% si la crise s’étale sur trois mois, indique l’institut de recherche dans son rapport.
Industrie: de graves dégâts
Bien que toute l’activité industrielle a été impactée par la crise, l’ITCEQ indique que celles du textile et de l’habillement; et des industries mécaniques et électriques sont les plus sinistrées. “La croissance de ces deux secteurs ayant déjà ralenti l’année dernière, les mesures de contrôle du COVID-19 ont amplifié la baisse de la demande étrangère pour la production”, lit-on dans le document. Et selon une enquête menée auprès de chefs d’entreprise, l’ITCEQ indique que les pertes pourraient atteindre 50% pour les industries du textile et de l’habillement et 60% pour les industries mécaniques et électriques. “Les répondants à cette enquête estiment que la perte d’activité pour l’ensemble du secteur industriel tunisien sera supérieure à 50%”, ont précisé les auteurs du rapport. Les entreprises manufacturières représentent la majeure partie de la baisse des performances économiques du secteur industriel, affichant une baisse de 2,3% du PIB annuel total avec une durée de crise de trois mois. Quant à la construction, elle contribue à environ 0,9% à la baisse annuelle du PIB.
Secteur tertiaire: enfoncé dans le rouge
Le secteur des services représente la part du lion de la baisse annuelle prévue du PIB, avec 5,6 milliards TND et 8,4 milliards TND, respectivement, sur les scénarios de durée de crise de deux et trois mois. Le commerce de détail représente 2,3% de la baisse annuelle totale du PIB pour le scénario de trois mois, tandis que les hôtels représentent 1,0%. Dans le secteur touristique, par exemple, les recettes touristiques ont chuté de près de 30%, affectées par la fermeture des frontières internationales en mars. Avec le confinement complet du mois d’avril, toutes les réservations de touristes étrangers ont été annulées, entraînant une baisse estimée de 80% du secteur touristique tunisien.
Le transport a été aussi touché de plein fouet, selon le rapport de l’ITCEQ, et ce malgré le fonctionnement partiel du transport de marchandises. Les restrictions à la mobilité des passagers ont entraîné l’arrêt de tous les modes de transport condamnant le secteur à des pertes de l’ordre de 60%. Le commerce de gros et de détail a été aussi affecté, notamment par la fermeture d’entreprises, à l’exception du commerce alimentaire. Les pertes sont estimées à 62% du chiffre d’affaires.
Comme c’est coutume dans des crises pareilles, la consommation d’énergie a elle aussi diminué. Le ministère de l’Énergie a indiqué que la consommation de produits pétroliers en mars 2020 était inférieure de 21% à celle de mars 2019. La demande a également baissé pour l’électricité (28%), de gaz naturel (26%), d’essence (74%), de diesel (56%) et de mazout (90%) en mars 2020 par rapport à mars 2019.