Les conséquences budgétaires de l’arsenal de mesures décidées par le Gouvernement sont déjà visibles sur le budget de l’Etat. Les chiffres du ministère des Finances pour le premier trimestre 2020 montrent l’ampleur des pressions auxquelles l’exécutif doit faire face.
Côté ressources, il y a eu une légère hausse de 0,9% en rythme annuel, mais pas grâce aux ressources propres qui ont reculé de 4,1% à 7,746 MdsTND. Les recettes fiscales ont baissé de 8,3% à 6,716 MdsTND. A noter la moindre collecte d’impôts sur les sociétés (-33,5% à 709 MTND). Hors compagnies pétrolières, c’est même une chute de 36,5% à 556 MTND. L’IRPP a pu bénéficier des revalorisations salariales et a affiché une croissance de 7,5% à 1,497 MdTND.
Les droits de douanes ont résisté (302 MTND), mais c’est la TVA qui a perdu 8,8% à 1,709 MdTND, attestant d’une plus faible activité économique.
Cette baisse des inflows a été partiellement compensée par les recettes non fiscales qui se sont établies à 1,030 MdTND. La hausse provient essentiellement des revenus des participations qui ont atteint 724 MTND. Le reste du trou a été couvert via les ressources de trésorerie qui sont passées de 624 MTND fin mars 2019 à 1,117 MdTND une année plus tard.
Côté dépenses, l’Etat a été obligé de doper ses charges de gestion de 15,1% à 6,213 MdsTND. Le poste le plus lourd est évidemment les salaires de la fonction publique (4,915 MdsTND), soit 73% des recettes fiscales. Les transferts sociaux se sont établis à 957 MTND.
Les intérêts de la dette ont reculé de 2,4% à 1,083 MdTND, mais cela reste lié au tableau de remboursement de nos prêts. D’ici la fin de l’année, c’est plutôt une hausse de 17,9% à 3,762 MdsTND qui est attendue.
Les dépenses en capital ont chuté de 50,5% à 669 MTND. Le financement public du premier trimestre a atteint des niveaux très bas à seulement 85 MTND alors que les investissements directs n’ont pas dépassé 243 MTND.
Le résultat est un déficit budgétaire de 1,4 MdTND. Ce chiffre est bien parti pour se creuser durant les mois à venir. Les charges ne seraient pas réduites autant que les recettes, avec l’intention de soutenir encore les entreprises et les familles nécessiteuses. En parallèle, on aura moins d’entrées d’impôts sur les sociétés. La baisse du commerce extérieur aurait un impact sur les recettes douanières et l’intention de restituer de la TVA aux professionnels va encore diminuer les taxes perçues.
La grande question qui émerge : avec un tel bilan, est-ce que nous pouvons vraiment éviter l’endettement ? Wait and see.