La plupart des experts sont unanimes quant à la capacité de la Tunisie à effectuer une sortie sur les marchés internationaux. Mais hier, une opération qui pourrait servir de comparable a été effectuée. Il s’agit de l’émission de dette souveraine par l’Egypte d’une valeur de 5 milliards de dollars en trois tranches avec des échéances de 4, 12 et 30 ans. Le pays a réussi à vendre 1,25 milliard de dollars à 4 ans à 5,75%, 1,75 milliard de dollars à 12 ans à 7,625% et 2 milliards de dollars à 30 ans à 8,875%. L’opération a attiré des souscripteurs de plus de 6 milliards de dollars pour chacune des tranches de 4 et 12 ans et de plus de 7,6 milliards de dollars pour les obligations à 30 ans.
Par rapport à la Tunisie, l’Egypte a quelques atouts, surtout en matière de l’exécution des réformes et en termes de performance économique estimé pour 2020. Il s’agit de l’un des rares pays qui sont partis pour réaliser une croissance cette année, malgré les problèmes du COVID-19. Mais par contre, le rating de la Tunisie est bien meilleur. Nous sommes notés Ba3 (Perspectives Négatives) par Moody’s et BB- par Fitch (Perspectives Négatives). L’Egypte est noté B2 (Perspectives Stables) par Moody’s et B+ (Perspectives Stables) par Fitch.
Mais est-ce que nous sommes capables d’effectuer une sortie dans de meilleures conditions ? Nous pensons qu’en dépit d’une meilleure notation, nous serions quasiment dans les mêmes conditions, bien évidemment pour les mêmes maturités aussi. Nous n’avançons qu’à petits pas dans les réformes et notre économie est de plus petite taille, ce qui augmente sa vulnérabilité aux chocs extérieurs. De plus, nous sortons sur l’Eurobond, qui est un marché beaucoup moins profond. Nous ne pouvons pas donc mobiliser autant de demande pour le papier souverain.
La principale leçon à retenir est que le cash existe sur les marchés en dépit des risques. Contrairement à l’idée reçue, les investisseurs sur les places européennes n’ont pas liquidé leurs positions en actions, mais plutôt en titres de créances afin de créer une poche de trésorerie à la recherche de rendements meilleurs. Un pays comme la Tunisie, qui n’a jamais fait de défaut de paiement et qui a une dette relativement soutenable, peut constituer une opportunité de placement intéressante. Donc si le pays semble avoir pris la décision de ne pas sortir sur le marché international, c’est que cela est une question d’équilibres macroéconomiques et ne signifie pas qu’il est incapable de placer un papier.