Rares sont les chiffres qui sont autant attendus par les opérateurs économiques que ceux des banques. C’est également une matière médiatique préférée pour les politiciens qui ne cessent de critiquer les établissements de crédit et leurs gains importants au nez et à la barbe de tous. Bien que ces bénéfices soient une réalité, ils ne doivent pas nous faire oublier la fragilité d’un secteur sous-capitalisé et encore au début du long chemin de la mise à niveau réglementaire. Il suffit de lire le dernier rapport de S&P pour mieux palper ces risques.
Dans le contexte actuel, le rôle des banques est plus que jamais important et nous avons effectivement besoin de leurs bénéfices pour doper l’octroi de crédits aux agents économiques. Et pour l’assumer, il faut qu’elles restent toujours profitables.
Les premiers signes pour l’année 2020 sont plutôt bons, bien que les chiffres s’arrêtent au mois de mars, donc l’impact de la crise sanitaire n’est que très peu présent.
Sur le premier trimestre, la marge d’intérêt a affiché une hausse annuelle de 10,8% à 670,858 MTND. Les commissions ont également évolué à deux chiffres : +11% à 268,473 MTND. Par contre, les revenus des portefeuilles d’investissement ont reculé de 2,1% à 281,933 MTND. Globalement, le PNB global a progressé à 1,221 MdTND, confirmant la bonne tenue de l’activité du secteur.
Est-ce que la baisse du Taux Directeur aura un effet sur les chiffres du reste de l’année ? Certainement oui, mais pas d’une façon aussi importante que l’on pense.
Si nous observons l’encours de crédits, nous constatons qu’il a progressé de 6,6% à 69,861 MdsTND. Par rapport à décembre 2019, c’est une hausse de 1,465 MdTND. Le point focal c’est l’augmentation du volume des crédits nets plus que celui des dépôts qui n’ont augmenté que de 965,325 MTND. C’est une première depuis 2018 et la tendance devrait s’accentuer davantage durant les prochains mois puisque le régulateur a allégé ses exigences en matière de ratio Loan-to-Deposit. Ainsi, l’impact de la baisse du TMM serait compensé par un volume plus important de crédits. Le refinancement de la BCT est nécessaire puisque les dépôts vont certainement baisser vu la dégringolade de l’activité économique.
Par contre, la diminution du nombre de transactions devrait induire une baisse des commissions, au moins pour le second trimestre. Le PNB devrait ainsi se maintenir, avec une croissance limitée à un seul chiffre.
Côté profit, rien n’est encore joué. Nous ne disposons pas d’éléments sur le coût du risque. Le traitement des crédits non performants, qui dépend des décisions de la BCT en la matière, va fortement impacter les bénéfices des banques. Le régulateur va finir par adopter une formule qui permet de soutenir les bilans des différents établissements tout en garantissant le financement de l’économie. C’est grâce à une telle intervention que le secteur pourrait tenir face à ce choc car sans un nouvel assouplissement réglementaire, c’est un scénario à la S&P qu’il faut retenir.