Les mesures de déconfinement ont été annoncées à temps, d’un côté évitant la propagation rapide du coronavirus, et de l’autre, assurant un démarrage à petits feux de l’économie, d’après Moez Ghali, président de CJD Tunisie. Mais ce qui le préoccupe le plus, c’est la capacité des entreprises tunisiennes à assurer leur relance. Écoutons-le.
Bien que Moez Ghali a salué la décision de déconfinement graduel annoncé le mercredi, 29 avril 2020, il a néanmoins déploré le manque de clarté en ce qui concerne un certain nombre de points. “Il est important que le gouvernement assure une bonne communication en ce qui concerne les mesures prises d’autant plus que les dirigeants d’entreprises sont toujours dans le flou”, a-t-il indiqué. Parmi ces points, Ghali a cité les mesures à prendre en ce qui concerne le transport des salariés, notamment leur protection, et celle de leurs collègues, dans les transports en commun. “Je trouve que la décision de procéder par autorisation est une bonne décision”, a-t-il noté bien qu’il a réclamé plus de transparence quant aux motifs de refus des autorisations.
De l’autre côté, Ghali a appelé les entreprises à réduire au maximum le nombre d’employés présents dans les lieux de travail. “Je comprends qu’après des semaines de confinement, plusieurs salariés souhaitent regagner leurs bureaux”, a-t-il indiqué. “Mais il est important que les employés capables de travailler à distance d’éviter les déplacements non-nécessaires pour se protéger et protéger leur famille”.
Même la relance sera difficile
Pour certains secteurs, Ghali a noté que le Coronavirus a ouvert la porte à de nouvelles opportunités. Encore faut-il que les entrepreneurs s’adaptent rapidement en révisant leur modèle économique, leur offre,… Il a toutefois rappelé que, de l’autre côté, plusieurs secteurs ont été lourdement impactés. “Les acteurs du secteur touristique doivent commencer à développer de nouvelles offres et pourquoi pas mettre le cap sur le marché local”, a-t-il souligné.
Même la relance ne sera pas facile. “Même si la demande va regagner des niveaux importants, la production, elle, va mettre du temps pour redémarrer”, a noté le président du CJD. Ajoutant : “La question est aujourd’hui sur l’état dans lequel vont se trouver les entreprises tunisiennes à l’autre bout du tunnel”. À l’arrêt, ou presque, ces entreprises risquent de voir leur fonds de roulement et trésorerie vaporisés si la crise s’allonge encore, a noté Ghali. “Or, pour relancer la production, ces entreprises auraient besoin du fonds de roulement qui leur permet de se procurer la matière première … et de tenir le temps de se faire payer par les clients, 60 voire 90 jours plus tard”.
Pour éviter le pire pour l’économie nationale, le président du CJD appelle donc le gouvernement à renforcer les mesures d’accompagnement aux entreprises et de les protéger de la faillite.
Une crise révélatrice
En ce qui concerne l’impact de la crise sur l’organisation du travail, Ghali a souligné que cette expérience “a permis de mettre les feux des projecteurs sur quelques points faibles en termes d’organisation dans les entreprises”. “Heureusement”, a-t-il ajouté, “les entreprises tunisiennes ont fait preuve de flexibilité et ont démontré une importante capacité d’adaptation en organisant le travail à distance”.
Pour lui, il est clair que la digitalisation va gagner du terrain.