Dans le cadre de ses efforts de soutien à l’économie nationale face à la crise du Covid, la Banque Centrale a publié une série de circulaires. Mais quel est l’impact de ces mesures sur les banques ? C’est à cette question que Deloitte Tunisie a tenté de répondre dans un rapport publié courant avril. Détails.
La circulaire n°05, la première dans une série dédiée à la crise du Covid-19, a porté sur des mesures relatives à la tarification et à la continuité de certains services bancaires.
Ainsi, la BCT a instauré la gratuité du retrait interbancaire de billets de banque des distributeurs automatiques de billets. Aussi, dans cette circulaire, on trouve la suspension, pour toute transaction inférieure à 100 dinars, du prélèvement de toute commission appliquée aux facturiers et aux commerçants pour le service de paiement électronique. Et afin d’alléger le besoin de se rendre dans les agences bancaires, la Banque Centrale a exigé la remise, gratuite, d’une carte bancaire à tout client titulaire d’un compte, qui en fait la demande et, à toute personne qui en fait la demande, d’une carte bancaire prépayée.
Financièrement, ces mesures auraient, sur le court terme, un impact direct sur le PNB qui se traduit par la baisse des commissions. À long terme, en revanche, elles se traduiraient, selon les estimations de Deloitte, par l’augmentation du chiffre d’affaires, compte tenu d’un effet de baisse possible du taux des commissions largement compensé par un effet volume. Aussi, l’augmentation du taux d’équipement en cartes de crédit aura pour impact la baisse du cash en circulation, et par conséquent la modification de la politique de gestion des liquidités par les banques.
La même circulaire recommande aussi aux banques une alimentation permanente des DAB, en veillant à la disponibilité permanente des plateformes techniques des paiements et en prenant toutes mesures nécessaires pour résoudre dans les meilleurs délais les éventuelles pannes ou interruptions et traitement avec la diligence requise les réclamations de leur clientèle. Deloitte note que cette mesure peut avoir une pression sur les liquidités de la banque et entraîner, par conséquent, la baisse des dépôts de la clientèle.
Le cabinet de consulting a également noté que “ces décisions auront un impact financier direct sur le chiffre d’affaires 2020 avec une baisse significative du volume des commissions, qui pourra toutefois être compensée par une reprise à partir de 2021, et ce sur le long terme, avec un effet volume non négligeable si le taux d’équipement en carte des ménages est maintenu”.
Et d’ajouter: “Nous pouvons également voir dans cette crise une occasion unique afin de généraliser la bancarisation de la population tunisienne, introduire le concept de mobile paiement, moderniser et digitaliser notre système bancaire”, etc.
Crédits à la clientèle
La circulaire n°06, à destination des banques et des établissements financiers, détaille les mesures prises au profit des entreprises et aux professionnels. Elle traite du report possible des tombées d’échéances de toute nature de crédit quelle que soit la classification de la relation.
Les banques pourraient ainsi reporter le paiement des tranches de toute nature de crédit arrivant à échéance (principal et intérêt) durant la période allant du 1er mars au 30 septembre 2020 sur demande écrite du bénéficiaire. Cette modification aura pour conséquence la modification de l’échéancier du crédit initial. Cette mesure engendrerait, selon le rapport de Deloitte, une pression sur les liquidités et augmenterait le risque de non-respect du ratio de liquidité en l’absence de solutions alternatives dont le refinancement. Les auteurs du rapport indiquent que cette mesure aura également un impact sur la comptabilisation des intérêts intercalaires durant la période de grâce en chiffre d’affaires 2020, en contrepartie des créances rattachées. Sur le volet juridique, elle introduirait des difficultés opérationnelles du fait de l’effet volume, dans la mise en œuvre. En effet, cette mesure nécessitera la mise en place d’avenants dans un délai contraint précisant les nouvelles dispositions (encours, taux d’intérêts, échéances, garanties…).
La même circulaire prévoit la possibilité d’octroyer de nouveaux financements aux bénéficiaires du report. Dans ce cadre, note le cabinet d’études, les banques sont appelées à apprécier la solvabilité des bénéficiaires ayant déjà demandé un report compte tenu d’un contexte de crise et de baisse des liquidités.