Après une fin d’année 2019 prometteuse, le secteur du leasing n’a pas pu continuer sur la même lancée au premier trimestre 2020.
Au niveau des mises en force, qui traduisent la production, elles ont chuté de 44,5% en rythme annuel à 291,895 MTND. C’est le plus faible volume d’affaires trimestriel sur le dernier quinquennat. Une diminution à deux chiffres a été observée dans tous les secteurs d’activité. La plus importante baisse a concerné les BTP qui ont affiché un recul de 32,3% à 20,849 MTND. En valeur absolue, c’est le secteur du Service et Commerce qui a été touché de plein fouet avec une baisse de 39,708 MTND, soit plus de 57% des baisses.
En ce qui concerne les approbations, qui reflètent le carnet de commandes des compagnies, elles se sont établies à 418,985 MTND, en baisse de 8,24% par rapport à la même période en 2019. Il y aurait donc un petit rattrapage durant les deux prochains trimestres pour les mises en force, mais tout en restant en territoire négatif. A noter que c’est également les BTP et l’Industrie qui ont été touchés par la dégradation de la demande, avec des baisses respectives de 21,4% à 28,909 MTND et 16,5% à 51,989 MTND.
Une activité plus faible a conduit à une baisse des engagements de l’ensemble des compagnies de 7,7% à 3,894 MdsTND, son plus bas niveau depuis juin 2017. Cette tendance s’est traduite par le recul des revenus bruts de 2,6% à 506,206 MTND. Le PNL global a augmenté de 49 ,5% à 51,733 MTND, mais il a été boosté par les chiffres de Tunisie Leasing & Factoring qui a bénéficié de l’opération sur le capital de Tunisie Valeurs. Hors le leader du secteur, la baisse a été très légère, ce qui montre que les loueurs sont parvenus à maîtriser le coût de leurs ressources. En fait, le secteur continue son désendettement avec des ressources à 3,015 MdsTND, le niveau le plus bas depuis juin 2017. Le marché obligataire est de plus en plus verrouillé, et cette tendance devrait s’accentuer avec le contexte actuel.
La hausse des charges d’exploitation a décéléré à 1,1% en rythme annuel (20,406 MTND). Mais si nous tenons compte du coût de risque potentiel, la tendance pourrait changer. Les créances classées se sont aggravées de 20,1% à 524,365 MTND. Depuis le début de l’année, c’est plus de 168 MTND de créances raccrochées qui ont été ajoutées, ce qui montre la grande dégradation de la qualité des actifs.
C’est le principal souci des opérateurs de l’industrie financière aujourd’hui. Les difficultés économiques vont rendre un bon nombre de clients incapables d’honorer leurs engagements. L’année 2020 serait sous le signe du recouvrement et de la restructuration des crédits. Côté activité, l’exercice serait plutôt calme avec une contraction attendue de la demande et une sélection des risques très stricte côté offre. C’est probablement l’année la plus difficile dans l’histoire du secteur.