Ce qui s’est passé hier sur le marché de l’or noir est inédit : des prix négatifs sur un contrat de pétrole. Attention : il ne faut pas penser que cette tendance concerne tout type de pétrole ou que cela va se poursuivre durant les prochains mois.
Les cours affichés ne sont pas ceux du marché au comptant (spot). Mais plutôt celui à terme, donc fortement influencés par les dates de livraison. Mécaniquement, plus on se rapproche de l’échéance du contrat, plus le prix converge vers le prix réel. Car les acheteurs peuvent renoncer à l’exécution du contrat et acheter directement sur le marché au comptant. Le contrat de West Texas Intermediate (WTI) qui a chuté hier est pour la livraison du mois de mai. Et il expire aujourd’hui. Le Covid-19 a exténué la demande pour ce Futur puisque la capacité de stockage mondiale est tellement saturée que les frais de location d’un tanker en mer (pour servir comme entrepôt) ont été multipliés par 5 à 150 000 dollars.
C’est pourquoi les producteurs ont accepté le principe de payer. Et ce, afin de se débarrasser d’un pétrole dont personne n’a besoin durant cette période de confinement mondial. Des prix négatifs se sont alors formés sur le marché.
En même temps, les contrats de livraison de juin (date d’expiration le 19 mai) sont restés positifs et au-dessus de 21 dollars le baril. Pour le Brent, qui est déjà passé à la livraison de juin bien avant le WTI, se négocie toujours à plus de 25 dollars. Cette tendance montre que les investisseurs tablent sur une relance des cours sur le marché spot durant les prochaines semaines. L’entrée en vigueur de l’accord de l’OPEP+ et la reprise partielle de certaines activités économiques mondiales seraient à l’origine de ce trend haussier.
Pour la Tunisie, il faut certainement agir rapidement. Le pays a une opportunité en or pour réduire sa facture énergétique en signant des contrats à moyenne et longue maturités. Les prix sont bien évidemment plus élevés, mais c’est une protection contre les mouvements d’un marché plus que jamais imprévisible.