La pandémie du Coronavirus ne sera pas sans impact signifiant sur l’économie mondiale. Déjà, plusieurs secteurs clés sont touchés de plein fouet, notamment le transport aérien et le tourisme, mais aussi les industries automobiles et technologiques.
La Tunisie, qui vit déjà au rythme d’une crise économique prolongée, se trouve dans une situation pas très confortable. La situation est d’autant plus gravissime pour les micro, petites et moyennes entreprises démunies des ressources nécessaires pour surmonter un ralentissement économique prolongé.
Quelles solutions ? À vrai dire, le monde entier est encore en quête de réponse(s) à cette question, vu que la situation est, le moindre que l’on puisse dire, inédite.
C’est dans ce cadre que l’ITES et l’IACE ont organisé hier une table ronde virtuelle sur l’impact du Covid-19 sur l’économie tunisienne. Diffusée sur les ondes d’Express FM, cette première conférence de son genre était l’occasion pour plusieurs acteurs économiques de présenter leurs propositions.
Pour Mohamed Balghouthi, expert en intelligence économique, il s’agit d’une réelle guerre économique et pour y faire face, il faut avoir une économie de guerre. Il est donc indispensable, selon lui, de sécuriser l’approvisionnement des besoins fondamentaux de la population pour les 6 à 12 mois à venir, à commencer par les besoins fondamentaux. Il s’agit bien évidemment de la nourriture, des médicaments et de l’énergie. “Il faut qu’on ait un audit avec l’Office de Céréale pour connaître notre niveau de stock”, indique Balghouthi. “En fonction du résultat, il faut compléter le stock pour assurer la suffisance pour les 12 prochains mois”, a-t-il ajouté.
L’expert a également appelé à la déclaration d’un état d’urgence économique. En d’autres termes : arrêter les exportations des produits vitaux et mobiliser la production alimentaires et mettre en place un système de rationnement.
Dans l’ombre de la crise européenne
Les entreprises tunisiennes sont aussi en train de subir l’impact de la propagation rapide du Coronavirus en Europe surtout que le marché européen accapare plus de 70% des exportations tunisiennes, comme l’a rappelé Samir Majoul, président de l’UTICA.
C’est d’ailleurs dans ce cadre que Hichem Elloumi, président de COFICAB, a indiqué que “les grands donneurs d’ordre sont en train de réduire la demande”. Également, l’Europe représente une source d’approvisionnement pour plusieurs entreprises tunisiennes, comme c’est le cas pour Misfat. “La plus grande partie de nos fournisseurs sont en Italie, ce qui peut poser un grand problème”, a déclaré Amin Ben Ayed, DG de l’entreprise. “Certes, nous n’avons pas de problèmes pour le moment, mais il faut se préparer car la crise sera longue et dure”, a-t-il ajouté. Toujours par rapport à l’Italie, Mourad Fradi, président de la Chambre tuniso-italienne, a assuré que les échanges commerciaux n’ont pas été arrêtés “afin d’assurer la continuité des chaînes de production”.
Que faire ?
Il est clair que les entreprises tunisiennes, délivrées à elles seules, ne pourront pas survivre une telle crise. L’intervention de l’État est donc nécessaire, selon les intervenants. “Il faut que l’État soutienne le secteur privé”, a souligné Samir Majoul. Comment faire ? “Il est essentiel de mettre en place des mesures pour sauver la trésorerie des entreprises, surtout au niveau bancaire pour alléger les échanges”, a indiqué Hichem Elloumi. “Il faut aussi reporter les échéances sociales et fiscales”, a-t-il ajouté. Pour sa part, Iyadh Elloumi, président de la Commission des finances à l’ARP, a souligné la nécessité de l’élaboration d’une loi des finances complémentaires afin d’assurer la disponibilité nécessaire pour l’implémentation de telles mesures.