Les investisseurs à la Bourse de Tunis ont vécu vendredi dernier un vrai cauchemar. Rares sont les titres qui ont pu échapper à un mouvement de baisse causé par une prise de conscience tardive de la gravité du COVID-2019. Le Tunindex a bien laissé des plumes en reculant de 2,77% et la capitalisation du marché a fondu de plus de 621 millions de dinars.
La réaction a été forte et les investisseurs ont clairement eu peur d’un weekend-end qui pourrait apporter avec lui de mauvaises nouvelles. Il vaut donc mieux limiter les dégâts et le déséquilibre entre offres et demandes était inévitable.
Indépendamment de la reprise du marché ce lundi, il y a un vrai problème de confiance qui s’est instauré, quasiment identique à ce que les marchés européens sont en train d’expérimenter. Pour rétablir cette confiance, il y a une seule solution : communiquer. Si les investisseurs paniquent, c’est qu’ils ont le sentiment qu’ils naviguent à vue. Ils n’arrivent pas à estimer, correctement, l’impact de la crise sur les comptes des entreprises. Les décisions du Chef du gouvernement du vendredi, qui sont dans le bon sens de point de vue sanitaire, vont par contre avoir un prix économique.
Même en l’absence de cette capacité à quantifier les pertes, les entreprises doivent réagir. Personne ne peut aujourd’hui se prononcer sur la durée de la situation actuelle. Mais malgré cela, les sociétés doivent se montrer responsables. Elles peuvent communiquer sur l’activité des deux premiers mois de l’année et donner une idée sur leurs carnets de commande, notamment ceux des clients étrangers. Les restrictions de circulation vont toucher à la consommation, et donc aux revenus des entreprises. Il y aura des tensions sur les trésoreries et un recours massif à l’endettement à court terme au détriment de l’investissement. Les marges vont baisser et le niveau des créances classées risque d’augmenter. C’est un enchaînement classique lors d’une crise et qui ne peut pas être écarté que si l’entreprise concernée réagisse.
Il ne faut surtout pas avoir peur de communiquer une mauvaise information. Quel que soit, elle sera évaluée et intégrée dans le cours de l’action. Ce qui compte actuellement c’est de montrer au marché la capacité du management à trouver les moyens de redressement. Plus l’entreprise garde le silence, plus les investisseurs continuent à privilégier les scénarii noirs et plus les cours baissent. Le bon choix est clair.