Le Chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a annoncé, hier, une batterie de mesures visant à ralentir la propagation du coronavirus. La Tunisie monte ainsi d’un cran dans ses efforts de prévention de l’épidémie qui passe du niveau 2 au niveau 3 ― bien que le pays ne soit qu’à la phase 2 de l’épidémie.
D’abord, un petit rappel des mesures annoncées hier :
- La fermeture de toutes les frontières maritimes;
- La suspension des liaisons aériennes avec l’Italie. Pour ce qui est de la France, un seul vol quotidien est maintenu. Quant à l’Egypte, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Allemagne, un seul vol hebdomadaire est maintenu. Tous ceux qui entrent sur le territoire tunisien doivent se conformer aux mesures d’auto-isolement durant 14 jours.
- Annulation de toutes les manifestations culturelles ainsi que les rencontres scientifiques, les foires et les salons.
- La fermeture des cafés, des restaurants et des discothèques à partir de 16h.
- La suspension des prières collectives dont celle du vendredi.
- Tous les matchs et les manifestations sportives se dérouleront à huis clos.
Bien que ces mesures soient nécessaires afin de préserver des vies humaines, on ne peut que se poser la question sur l’impact économique qu’elles peuvent avoir. Déjà le chef du gouvernement avait prévenu, dans un précédent discours, que la croissance pourrait ne pas dépasser le 1%.
Sauver les micro et petites entreprises
Le manque de données fiables quant à l’impact de telles mesures peut aussi rendre plus difficile d’optimiser les mécanismes d’accompagnement. Madhkour propose, dans ce cadre, de mobiliser les instituts de sondage pour monitorer l’ensemble des métiers touchés. Deux indicateurs clés doivent être suivis de près, stipule l’expert: les pertes d’emplois et les pertes des revenus.
La situation est d’autant plus cruciale pour les petites et micro entreprises surtout qu’un bon nombre d’entre elles est en situation de vulnérabilité et ne disposant pas des ressources nécessaires pour faire face au ralentissement de l’activité économique.
Ceci est particulièrement le cas pour les petits commerces, les cafés, restaurants, centres d’hébergement non classés et assimilés, les artisans (et les éventuels métiers en lien avec le tourisme), les activités et services de transport individus privés des personnes, de formation, etc. que Mohamed Madhkour, expert en développement, classe comme des agents économiques vulnérables.
L’État doit donc apporter son soutien à ces acteurs économiques afin d’assurer leur survie et de mitiger l’impact de la crise sur l’emploi. “Contrairement à ce qu’on peut penser, l’État dispose des fonds nécessaires pour déployer de telles mesures”, indique l’expert. Ces ressources peuvent provenir des fonds publics ou ceux de la coopération internationale, selon l’expert. Ce qui fait en revanche défaut, c’est l’optimisation de ces ressources et c’est sur ce point qu’il faut travailler assure l’expert.
“Mais il faut agir dans les plus brefs délais”, indique-t-il.
L’expert a également mis l’accent sur la nécessité de canaliser l’accompagnement de l’État afin que son impact touche l’ensemble des chaînes de valeur. “Au lieu de rééchelonner la dette du secteur hôtelier, par exemple, l’État peut faire en sorte de maintenir un minimum de commandes afin de profiter à l’ensemble des fournisseurs”. Pour financer ces actions, il est possible d’opter pour la reconversion des programmes que nous avons déjà. Prenons l’exemple du programme Moubadiroun avec l’UE; un socle de 60 millions de dollars qu’on peut reconvertir; il est destiné à appuyer le relèvement économique des plus vulnérables. Il s’agit d’un prêt de la Banque Mondiale, qu’on peut affecter directement à cette population d’acteurs économiques les plus vulnérables.
L’expert propose de faciliter l’accès aux crédits afin d’apporter des financements pour les besoins de fonds de roulement pour les plus vulnérables.