Lors d’une plénière tenue hier, jeudi 5 mars 2020, les députés n’ont pas réussi à adopter un projet de loi organique relatif à la convention fondatrice de la zone de libre-échange continentale africaine (Zleca).
En effet, seulement 100 députés ont voté favorablement pour cette loi, 11 ont été contre et 18 députés ont préféré s’abstenir. N’ayant pas atteint le seuil minimum de voix, cette loi n’a pas donc été adoptée.
Ainsi, la Tunisie ne pourra pas se joindre à cette zone de libre-échange ― la plus grande du monde ― bien qu’elle ait signé la convention relative à l’adhésion à cette zone le 21 mars 2018. La zone de libre-échange africaine est, elle, opérationnelle depuis le 30 mai 2019.
La Tunisie sera-t-elle condamnée à jamais à rester en dehors de la Zleca ? Pas vraiment.
Contacté par nos soins, Karim Ben Becheur, directeur général des affaires africaines au ministère des Affaires Étrangères, a indiqué que la Tunisie pourra joindre la Zleca à tout moment suite à la ratification de la convention d’adhésion par le parlement. Dans ce cadre, Ben Becheur a indiqué que la loi sera déposée une deuxième fois au parlement. Seul bémol : le règlement intérieur de l’Assemblée des Représentants du Peuple exige un délai de trois mois avant de re-déposer le projet de loi.
Pour sa part, Amel Ouertatani, députée de Qalb Tounes, a indiqué au Manager que son parti n’a pas été contacté par la coalition gouvernante pour coordonner les positions avant le vote. “Nous sommes conscients de l’importance de cette loi pour l’économie tunisienne”, a-t-elle souligné, “mais la coalition du gouvernement n’a pas pu assurer la majorité qui lui permet de faire passer ce texte”.
Pourquoi la Zleca ?
S’il est important pour la Tunisie de faire partie de la Zleca, c’est parce que cette zone de libre-échange vise à mettre en place un cadre intégral permettant un échange fructueux au niveau des relations commerciales entre les pays membres de l’Union Africaine.
Ses objectifs consistent notamment à renforcer la compétitivité des entreprises, à réduire les liens par les exportations des principales marchandises et à consolider la transition économique et sociale. Et ce, afin de réaliser la croissance intégrale, l’industrialisation et le développement durable, en adéquation avec « l’agenda 2063 » de l’Union Africaine.
Pour parachever les procédures d’adhésion, le parlement était appelé à adopter cette convention. Ladite convention ambitionne de diversifier le commerce entre les Etats et d’accroître son volume de 50% à l’horizon 2022. Et ce, à travers l’amélioration des niveaux de coordination en matière de libéralisation des échanges commerciaux. De même que la mise en place des mécanismes d’application, de gestion et de coordination nécessaire.
Elle a pour objectif de renforcer la compétitivité des produits tunisiens sur les marchés africains. Et ce, au vu du niveau élevé des tarifs douaniers appliqués dans la plupart des pays africains sur les marchandises importées. Egalement, elle stipule le démantèlement des obstacles non-douaniers qui entravent la circulation des marchandises. Cette convention aura un impact positif sur l’exportation des services tunisiens.
La zone de libre-échange africaine est la plus grande au monde. Elle représente 1,2 milliard de personnes et des échanges de plus de 300 milliards de dollars. Elle permettra d’augmenter le niveau des échanges commerciaux entre les pays africains de 16 à 33%.