Perdre plus de quarante cinq places en 10 ans dans l’indice de performance Logistique (LPI), il faut tirer d’urgence la sonnette d’alarme. La Banque Mondiale et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) y ont consacré la deuxième session de l’Economic Policy Dialogue.
Ce dernier jeudi du mois de février, la thématique a porté sur comment résoudre les goulots d’étranglement logistiques pour libérer l’économie tunisienne. Le débat, rehaussé par la présence de Steve Utterwulghe, représentant résident du PNUD en Tunisie et Tony Verheijen, représentant résident de la Banque Mondiale, a été enrichi par les interventions d’imminents professionnels et experts pour élever l’efficacité des services portuaires de la Tunisie et venir au secours de la compétitivité des opérateurs économiques.
Il est indéniable que pour un pays dont les entreprises sont résolument contraintes à s’ouvrir sur les marchés extérieurs, le secteur de la logistique soit de première importance. Leur compétitivité est indéniablement impactée par le coût de la logistique, sachant fort bien que 70% du commerce passe par le secteur portuaire. Il n’en reste pas moins que sur les dix dernières années, la Tunisie a perdu plus de 40 places au classement international de l’indice de performance Logistique allant de la 60ème place en 2007 à la 105ème place en 2018. Ce n’est pas qu’une question de statistiques, les opérateurs présents ont lancé des cris de détresse et de protestation quant aux dommages qu’ils subissent de par la déficience des services portuaires, notamment ceux liés au port de Radès. Les solutions qui ont été proposées à cet effet lors du débat peuvent être regroupées en trois axes.
Améliorer l’infrastructure reste un élément incontournable, à plusieurs niveaux. D’abord, il est impératif d’élargir les espaces de stockage. Et ce, à travers la mise en place d’une zone d’activité logistique. La fameuse extension des nouveaux quais au port de Radès, en l’occurrence les quais 8 et 9 a également été mise sur la table. Pourquoi se contenir au port de Radès alors que celui de Bizerte peut être aménagé pour les conteneurs ? A lancé un imminent opérateur de la logistique. Autant de dispositifs qui nécessitent d’ores et déjà une volonté politique ferme.
Élever la performance opérationnelle n’est pas du reste des sujets primordiaux. Ont été suggérées la facilitation des contrôles techniques et la digitalisation des procédures allant jusqu’au paiement en ligne. Il a été appelé à stimuler la concurrence et à créer une certaine complémentarité des services et des acteurs. L’idée est que le monopole de fait de la Société Tunisienne de l’Acconage et de la Manutention (STAM) ne peut en aucun cas stimuler une efficacité opérationnelle.
Enfin, la gouvernance et la transparence ont été également au cœur du débat. Il a été préconisé d’établir un plan stratégique de développement portuaire et de perfectionner les processs de décisions entre les 13 ministères concernés en donnant le lead au ministère du Transport. Il y va sans dire que ceci suppose des changements organisationnels. Il a également été recommandé de publier tous les indicateurs afin de délimiter les responsabilités de chacun des intervenants et d’augmenter leur redevabilité. Cette dernière est susceptible de réduire la corruption.
A titre d’information, ont pris part à la deuxième session de l’Economic Policy Dialogue, Nabgha Salem, PDG de Vectorys et président de la Fédération des Transports, Fathi Aloui, colonel major des Douanes, Ahlem Chehida, cheffe d’entreprise et exportatrice, Adel Hmani, président de la Chambre des commissionnaires en douane, Oualid Dziri, CEO de Pangea Shipping Group, Marieme Zarra, conseillère auprès du ministre du Commerce, Foued Othman, conseiller auprès du ministre du Transport et ancien directeur du port de Rades, Ouiem Zarrouk, conseillère auprès du ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération Internationale, Salem Miledi, ancien ministre du Transport ainsi que d’autres professionnels.