En l’absence de chiffres définitifs pour l’année 2019, nous continuons à consulter les indicateurs d’activité des sociétés cotées à la Bourse de Tunis. Bien qu’il soit faible en nombre (31 sociétés), notre échantillon est diversifié d’un point de vue sectoriel et représente, à lui seul, près de 3,5% de l’encours global des concours à l’ensemble de l’économie. Les conclusions ont donc un fort degré de significativité.
Sur le dernier trimestre 2019, l’investissement total a atteint 172,293 MTND, en forte hausse par rapport au 108,228 du dernier quart de 2018. Pour rappel, le trimestre précédent a été marqué par une légère hausse des investissements de 0,6% à 146,519 MTND. Ce bon finish de l’année a permis de limiter les dégâts au niveau des performances annuelles qui affichent toujours un repli de 3,9% à 534,978 MTND.
Si nous poussons un peu plus l’analyse, nous pouvons prouver que cette situation est le résultat de l’inaccessibilité aux crédits. Les sociétés qui ont investi plus de 10 MTND sont au nombre de dix, et ont assuré plus de 88% des investissements totaux. C’est quasiment le même tableau de l’année dernière. De plus, les principaux investisseurs sont trois grandes capitalisations : PGH (177,834 MTND), Délice Holding (79,032 MTND) et la SFBT (49,266 MTND). Ces géants locaux n’ont aucun problème pour s’octroyer des crédits auprès des banques.
Les chiffres de l’endettement confirment cela. Parmi les sociétés qui publient leurs encours de dettes (au nombre de 29), les trois principaux investisseurs s’accaparent 44,6% de l’encours de dettes contractées. A l’autre bout du spectre, les 10 entreprises qui ont investi le moins en 2019 en dépensant seulement 9,894 MTND sur toute l’année, ont vu leur endettement diminuer de 13,542 MTND. C’est une démonstration simple de l’impact du resserrement monétaire sur l’investissement.
Le problème est que ces sociétés sont en Bourse et ont normalement un accès à la finance directe. Mais c’est loin d’être le cas. La majorité d’entre elles ne lèvent des fonds que lors de leurs introductions puis c’est le retour au modèle de fonctionnement classique.
Globalement, ces chiffres rejoignent ce que montre le bulletin de conjoncture de l’APII qui indique que jusqu’à la fin du mois de novembre 2019, les investissements déclarés ont baissé de 18,7% en industrie et de 34% en service. L’année est donc loin d’être une référence. Du vrai boulot attend le nouveau Gouvernement.
Bassem Ennaifer